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Deux pôles bordent la discographie du piano de Janacek, le vitrail souvent renouvelé de Rudolf Firkusny et l’unique déclamation de Josef Palenicek. Jan Bartos pour son « Sentier effacé » est bien plus proche du second, toucher âpre, grand son, geste dramatique, ce ne sont pas des paysages, c’est un drame, un autre « Journal d’un disparu ». La même tension, le même sentiment inexorable habitent la Sonate, rend la déambulation de « Dans les brumes » dangereuse, plus d’une fois vertigineuse, pour l’essentiel du piano de Janacek un sans faute auquel manque peut-être une certaine aération, un son plus projeté dans l’espace. Les micros ne sont-il pas trop près du meuble ? Mais j’écoute, suspendu à ce trille qui dit, à cet accord qui chante. Alors vraiment si ajouter Réminiscence, si pudiquement dit est bienvenu, le Thema con variazioni, bucheronné, ennuyeux, clairement fait pour le disque, est inutile. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Tchèque né à Brno, là où vécu Janacek, Jan Bartos nous livre une belle version de la quasi-intégrale de l’œuvre du compositeur. Dans cette musique, l’équilibre est toujours en “péril”. Respecter l'expressivité d'un drame au caractère opératique et la plus profonde intimité représente le défi de la « Sonate ». Dans le présent enregistrement, les couleurs ne sont jamais assénées, mais diffuses, portées sur les harmoniques de l’instrument et une conception juste de la respiration. Ce piano nimbé, chaleureux, à l’impressionnisme si différent de celui du français Debussy, fonctionne parfaitement. Le cycle « Sur un sentier recouvert » est plus remarquable encore. Chaque note est pesée, presque donnée avec hésitation. Le contrôle dynamique est impressionnant. On pense ici au compositeur non seulement des « Mélodies slaves », mais aussi aux « Moments Musicaux » de Schubert. Les danses à peine esquissées sont placées dans un écrin sonore, plus rêvées que réellement accomplies. La moindre ornementation, la plus petite appogiature prennent une dimension narrative qui attire l’oreille. Le charme naît précisément d'un minimum d'effets. Sous les doigts de Bartos, « Dans les Brumes » devient la transcription morave des angoisses du compositeur. N'y aurait-il pas ici une filiation schumanienne dans le caractère imprévisible de l’écriture ? Le piano est magnifique et sa préparation l’est tout autant. Jan Bartos inscrit son interprétation dans les pas de son maître Ivan Moravec. (Jean Dandrésy) Before he was completely overwhelmed by love for composing, Leoš Janácek pursued a career as a virtuoso pianist. He was closely familiar with the instrument, which served for him to share his innermost emotions and feelings. Janácek wrote his first opus, Thema con variazioni, at the age of 26, when he was studying at the Leipzig Conservatory. The miniature piece A Recollection is one of his last scores. The composer conceived his three essential piano works, 1.X. 1905, On an Overgrown Path and In the Mist, between 1900 and 1912, which was a difficult phase in his life. They are perhaps the most personal, most intimate pieces he wrote. Janácek was inspired by the sound of the cimbalom, an instrument he often heard when collecting folk songs in Moravia. The genes of the pianist Jan Bartoš evidently bear the traces of the ample musical tradition of his ancestors, including his grandfather, a cimbalom player. The legacy of folk music and the Silesian origin is what Janácek and Bartoš have in common. In his account of Janácek’s music, the pianist reveals a profound musicological insight, as well as a fascinating intuition – the inspiring integration of the heart and the brain, owing to which Bartoš’s previous Supraphon albums (Mozart – Concertos, SU 4234-2; Beethoven – Sonatas, SU 4252-2) have met with such great acclaim.
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