Schumann symphoniste fut déconsidéré de son vivant et stigmatisé après sa mort : son génie devait rester prisonnier de son piano. Si Gustav Mahler essaya de donner aux symphonies une seconde chance hélas en les massacrant par des orchestrations redondantes, la leçon d’orchestre de Schumann ne fut pas perdue pour tout le monde. C’est bien l’enseignement majeur que délivre l’audition des quatre Symphonies de Salomon Jadassohn, dont je connaissais seulement quelques partitions de chambre et deux concertos pour piano. De la Première (1860) à la Quatrième (1888), un langage clairement déduit des procédés de composition utilisés par Schumann, et jusqu’à certains de ses procédés d’orchestration, font un univers singulier qui doit être impérativement reconsidéré. La beauté des idées mélodiques supplante la science contrapuntique, mais surtout Jadassohn produit des alliages de timbres surprenants, qui suffiraient à commander la redécouverte de toute sa musique : il a laissé 140 opus ! Il ne faut pas s’y tromper, la musique que donne à entendre aujourd’hui Howard Griffiths est celle d’un des maitres de l’ultime romantisme, à l’égal de celle de Friedrich Gernsheim, dont l’oubli reste inexplicable, sinon par le fait que les Nazis stigmatisèrent son nom et son œuvre. Il est temps de le découvrir (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Le nom de Salomon Jadassohn reste aujourd’hui cité dans les dictionnaires de musique comme pédagogue réputé et influent ; il eut notamment pour élèves Grieg, Delius, Busoni, Karg-Elert, Reznicek et Weingartner, excusez du peu ! Toutefois ses élèves se plaignaient semble-t-il du caractère académique de son enseignement. Mais sa musique (lui dont le Grove écrit laconiquement qu’il possédait « plus de technique que d’inspiration ») reste méconnue et Howard Griffiths nous permet enfin de juger sur pièces avec ses quatre symphonies. Certes, leur forme est toujours d’un classicisme absolu, leurs dimensions restreintes (peut-être à cause de la minceur du matériau de base) et leur langage doit beaucoup plus à Mendelssohn ou à Schumann qu’à Wagner et Liszt que Jadassohn admirait pourtant. Il y a évidemment un monde entre la 4° symphonie composée en 1889 et les partitions contemporaines de Bruckner (8° symphonie), Mahler (Titan) ou Strauss (Don Juan) mais c’est pour nous un enrichissement réel de connaître l’environnement historique de ces chefs d’œuvre. Comme d’habitude, Griffiths est irréprochable non seulement d’enthousiasme et de perfection technique mais surtout de sens du style et de musicalité. Venant après des cycles Ries et Spohr magistraux, voici une nouvelle réussite de l’un des chefs les plus talentueux et curieux du moment. (Richard Wander) Although Salomon Jadassohn continued to be known to generations of music students from his writings on music theory, above all from his Lehrbuch der Harmonie issued in twenty-one printings after its publication in 1883, he unfortunately was quickly forgotten as a composer soon after his death. Next to Carl Reinecke, however, Jadassohn was regarded as the leading composer of the so-called Leipzig School, whose members continued on the path of musical romanticism on which Felix Mendelssohn and Robert Schumann had set out and were important influences in Leipzig’s music world for four decades. Jadassohn studied with teachers such as Franz Liszt and was later an instructor in music theory, piano, and composition at the Leipzig Conservatory and enjoyed an outstanding reputation as an educator in the field of music. His pupils included many composers represented on cpo – such as Frederick Delius, Edvard Grieg, Ferruccio Busoni, Emil Nikolaus von Reznicek, Felix Weingartner, and Sigfrid Karg-Elert. In Jadassohn’s extensive and multifaceted oeuvre, including all the musical genres except the opera, his four symphonies composed during the twenty-eight-year period from 1860 to 1888 occupy an important place though not a central one. His understanding of music tended toward the academic and craftsmanly (in the best sense of the term), which meant that he also viewed the symphonic genre as the expression and interplay of "forms moved in sounding".
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