Le Trio Abegg figure parmi les plus vénérables formations de chambre puisqu’il joue dans la même configuration depuis 1976. Accompagné d’une notice médiocrement traduite en français, ce disque rend hommage à Chostakovitch avec ses deux Trios avec piano, fort peu différenciés dans cette version alors qu’ils sont si dissemblables. Le Second manque de noirceur, sa dimension élégiaque faisant singulièrement défaut, tandis que la fraicheur printanière du Premier se perçoit peu. La mise en valeur des thèmes est sacrifiée au profit d’une articulation poussée à l’extrême au point qu’elle en devient artificielle. L’ensemble sonne avec rigidité, sans arrière-plan ni impact. Les musiciens illustrent peu leur charisme et la diversité de leur palette, que l’on devine pourtant grands, comme le prouve le Second Trio (2006) que Michael Obst (né en 1955) leur a dédié.

Cet ancien collaborateur de Karlheinz Stockhausen et adepte de musique électronique a inséré entre un prologue et un épilogue huit « réflexions musicales » séparées par des interludes et prenant comme motif de base les initiales de Chostakovitch. Se succèdent des pièces de caractère, oniriques et nocturnes, certaines nerveuses et serrées, toujours « aphoristiques », selon l’auteur dont le langage s’inscrit, selon ses termes, « entre une volonté d’expression de romantisme tardif et une forme de néoclassicisme ». Une œuvre peu marquante mais rehaussant quelque peu l’intérêt de cet album sinon bien terne.