Le titre est parfaitement approprié : c’est bien un hammerflügel de Schantz qui est mis en lumière. Pour mémoire, rappelons que Johann Schantz fut, à côté de Schein et Walter, l’un des grands facteurs de piano-forte viennois. L’intérêt de ce CD réside donc déjà dans l’instrument historique, le préféré de Haydn, et que Paul Badura-Skoda affectionnait pour ses enregistrements. Moins connu que les piano-forte de ses confrères (Mozart possédait deux instruments de Walter), ce hammerflügel de Schantz sort des collections du Kunsthistorisches Museum de Vienne, pour être mis en valeur au travers de deux sonates de Haydn (les Hob.XVI : 31 et 49, de 1776 et 1790) et des pièces vocales contemporaines de Leopold Kozeluch. Ces dernières sont d’authentiques découvertes. On retiendra trois des séduisantes ariettes italiennes, mais aussi l’ample et délicieuse, bien que plus formelle, cantate dédiée à Maria Theresia Paradis, pianiste, chanteuse et compositrice aveugle, qui fut son élève, et pour laquelle écrivit Mozart (certainement le concerto en si bémol (K 456). Karoline Pilcz, soprano viennoise familière de ce répertoire, nous vaut une lecture animée de chacune des pièces vocales. La voix est juvénile et correspond aux attentes. Pianofortiste, partenaire régulier de notre cantatrice, Richard Fuller, participe à la vie de ces mélodies. Cependant les sonates de Haydn, uniformes, appliquées, nous laissent davantage réservé, la concurrence étant rude, y compris sur instrument d’époque. Un enregistrement qui vaut pour la découverte de ce bel instrument aux couleurs fraîches, claires, grêles, et – surtout – pour celle de pièces vocales de Kozeluch, dont la séduction s’inscrit dans le style viennois du temps, à mi-chemin entre le galant et le romantisme naissant. (Yvan Beuvard) During his lifetime, Johann Schantz (1762–1828) was considered the most important and respected piano maker in Vienna alongside Anton Walter and Nannette Streicher. His instruments were widely appreciated by musicians and composers, including explicitly by Haydn and Beethoven. One of his early fortepianos were integrated into the collection of old musical instruments at the Kunsthistorisches Museum in Vienna in 1939 from private ownership due to the fact that it could not be restored without considerable investment. There it was painstakingly restored in several phases and finally brought to its present, playable condition in 2009. On this recording, pianist Richard Fuller, renowned for his decades-long involvement with historical instruments, presents this fortepiano with the Sonatas for Fortepiano in E major, Hob. XVI:31 (1776) and E-flat major, Hob. XVI:49 (1790) by Joseph Haydn. The collaboration with the soprano Karoline Pilcz demonstrates that this instrument has unique sound characteristics not only as a solo instrument but also as an accompanying instrument. The Arette italiane, Op. 31 (1790) and the Cantata in Honor of Marie Theresie Paradis (1784) by Leopold Koželuch also date from the time of the instrument’s creation, as is characteristic of this KHM edition.
|