 D'une rhétorique et parfois d'une audace inouïes, ces quatuors vont moins droit au sentiment que les grands jalons des opus 20 ou 50. Autour de 1788, Haydn désargenté prie son éditeur Artaria de faire sonner le florin. Il s'agit d'exploiter sa célébrité européenne sur le marché international (surtout français et britannique), en composant assez vite (étant pris ailleurs par l'opéra). Des fragments manuscrits semblent juste sténographiés pour un copiste connaissant déjà ses codes, ses indications, ses abréviations. Privilégiant l'inspiration du moment, en alléchant (sauf pour les menuets, genre jugé difficilement renouvelable) par des idées neuves, voire hardies. Un critique reprocha d'ailleurs quelques "embardées frappantes". C'est aussi un moment charnière où notre musicien chambriste quitte les salons nobles et bourgeois, s'ouvre à l'acoustique des grandes salles de concert. Pour sa promo sans frontières, Haydn fait confiance à l'affairiste escroc Johann Tost, son ancien violoniste, d'où peut-être la place privilégiée accordée au premier violon. Dans le rare quatuor en fa mineur, écho de celui de l'opus 20, l'allegro réintroduit typiquement l'ambiguïté avec le majeur, et surprise, commence par des variations. Dit du "rasoir" suite à un cadeau de l'éditeur anglais John Bland. Mais décidément, cette intégrale bien avancée sur "period instruments" est toujours au poil. (Gilles-Daniel Percet)  Sans jouer notre midinette, ces quatuors, certes d'une rhétorique et parfois d'une audace inouïes, nous vont moins droit au cœur tendre sous la rude écorce que les grands jalons des opus 20 ou 50. Car surtout, autour de 1788, un Haydn désargenté avoue à son éditeur Artaria avoir besoin urgent de faire sonner le florin. Le plus rentable est alors d'exploiter sa célébrité européenne en visant le grand marché international (surtout français et britannique), et en composant assez vite (étant pris ailleurs par l'opéra). Deux manuscrits fragmentaires semblent ainsi peu mis au net, sténographiés pour un copiste connaissant déjà ses codes, ses indications, ses abréviations. En privilégiant l'inspiration du moment, en alléchant (sauf pour les menuets, genre que le compositeur lui-même juge difficile à renouveler) par des idées neuves, voire hardies. Un critique reprocha justement quelques "embardées frappantes". C'est aussi un moment charnière où, quittant les salons nobles et bourgeois, le musicien chambriste s'ouvre à l'acoustique des grands concerts, s'avise de sonner mieux pour les grandes salles. Pour sa promotion sans frontières, Haydn fait confiance à l'affairiste un peu douteux Johann Tost, qui avait été son violoniste, d'où probablement aussi la place exceptionnelle accordée musicalement au premier violon. A noter, rare, le quatuor en fa mineur, renvoyant à celui de l'opus 20, dont l'allegro réintroduit, de manière très haydnienne, l'ambiguïté avec le majeur, et qui commence par des variations. Dit du "rasoir", il référerait à un cadeau de l'éditeur anglais John Bland. Mais les présents interprètes, déjà bien avancés dans leur intégrale sur "period instruments", sont loin de nous raser et sont même parfaitement au poil. (Gilles-Daniel Percet)  The London Haydn Quartet reaches the six great quartets published in 1788 as Opp 54 & 55 in another unmissable two-for-the-price-of-one set. Is it possible to have too much Haydn? The only sensible answer is ‘no’, especially when the music is performed with such intelligence and humanity as here.
|