 Cet état instrumenté de la Création est d'autant moins de première genèse que d'époque. Pour mieux diffuser l'œuvre dans les salons après son formidable succès public, l'arrangement fut demandé par Haydn lui-même à son élève Anton Wranitzky (frère du compositeur Paul), qui d'ailleurs avait été présent à la... création. Violoniste tchèque, il eut également pour maître Mozart, intégra la bande à Beethoven, fut professeur du célèbre Ignaz Shuppanzigh, et jouit d'une grande réputation. Sous le choc des oratorios de Haendel entendus à Londres, on sait que Haydn composa ce qu'il devait considérer comme son grand œuvre à Vienne, dans une forte exaltation religieuse, et que le manuscrit originel fut perdu. Entre texte de la Bible et Paradis lui aussi perdu de John Milton, il avait fallu d'abord réduire l'interminable salmigondis d'un livret anglais, avec l'aide du baron von Swieten. Puis convoquer trois solistes vocaux, un chœur à quatre voix, des vents et un orchestre à cordes classique, sans oublier le clavier (clavecin ou pianoforte) pour accompagner le récitant. Fort de son expérience de compositeur de quatuors et quintettes à cordes, Wranitzky réussit le convaincant tour de force de maintenir toute cette démiurgie, sans paradoxalement la réduire, pour cinq instruments, dans un dramatisme qui n'est pas sans nous évoquer à l'écoute la version quatuor des Sept dernières paroles du Christ en croix. À remarquer qu'on est dans le quintette avec deux altos, et que c'est en recherchant de nouvelles œuvres pour altiste(s) que les excellents Pandolfis ont déniché cette superbe partition. Edition discographique illustrée, en mémoire à Noah (ou Noé) le premier viticulteur, par une vigne dont le Seigneur leur pardonnera sûrement de risquer une réputation de pochetrons, tandis qu'un petit septième jour hivernal nous fait poser enfin notre plume harassée. (Gilles-Daniel Percet) How can a great oratorio such as "The Creation" be reduced to a few instruments in order to enjoy it in a small, domestic setting? How should the arias, choirs and recitatives be presented, and how can the biblical text be conveyed? Joseph Haydn delegated this apparent challenge to the then well known composer Anton Wranitzky, who arranged the music for string quintet. He left open questions about the text, so the Pandolfis Consort, playing on historical instruments, embarked on the great adventure of integrating spoken recitatives as well as passages of the libretto to illustrate the history of divine action. The role of the narrator took over Fritz von Friedl, one of the most famous Austrian speakers and actors. The result is this highly impressive and moving recording of the chamber music version of this monumental work, which had been wrongly forgotten.
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