 Ne manquerait plus à ce bastringue venteux que la cloche de bois, parce qu'on peut dire que ça déménage. Ce quintette (deux trompettes, cor, trombone, tuba, sauf erreur à ne pas confondre avec le plus longuement dit Munich Brass Connection, et qui nous avait déjà trituré Bach, Mozart, Verdi ou Bernstein) a cette musique dans le sang, et pulsant Gershwin ne saurait avoir swing qui ment. Après avoir bien astiqué leurs cuivres (là, sauf mirror de notre part, publicité gratuite), ils s'adjoignent ici un flûto-clarinetto-saxophoniste, et le pianiste viennois (ex américain, par ailleurs fin accompagnateur de lieder) Norman Shetler, qui aurait sûrement protesté de ne point demeurer indispensable pour la Rhapsody in Blue (c'est le piano ah que !). Mais tous les interprètes sont aussi excellents arrangeurs pour la circonstance. Comme Richard Steuart (canadien devenu américain), qui en matière de souffle ne manque pas d'air, et sème véritablement son talent à tous vents : trompette solo et créateur déjà d'un quintette dans sa ville natale, il enseignait clarinette, hautbois et saxophone... à l'âge de 14 ans (une jeunesse bien embouchée, aurait trouvé Brassens !). Mais on pourrait admirer autant un Richard Roblee, tromboniste et en même temps chanteur (de mélodies de Piston ?), autre américain mais devenu allemand, à la fois professeur de jazz et de big band, et spécialiste en musique religieuse. Ou encore ce Finn Schumaker, danois quasi formule 1 du tuba, en même temps responsable d'un ensemble vocal. Mon tout nous livre le chou bijou d'un musical caillou absolument irrésistible, si convaincant qu'on pourrait se demander si ce n'est pas le compositeur source qui finalement aurait arrangé tout ça. (Gilles-Daniel Percet)

|