 Derrière le titre Fiddler's blues de l'album du violoniste français Philippe Graffin se cache deux thématiques : la lenteur et la tristesse du blues et le choix de compositeurs violonistes virtuoses : Eugène Isaye et Georges Enescu dont les sonates comportent un mouvement « lento e mesto ». Graffin a ajouté assez logiquement la sonate de Ravel (le fameux Blues du second mouvement), quelques pièces isolées d'Enescu et d'Ysaye et une jolie transcription signée Graffin du Clair de Lune de Debussy. Composées dans les années 20, les sonates d'Enescu et de Ravel reflètent bien leur époque, émancipation du langage musical, découverte du jazz et des musiques populaires des pays d'Europe Centrale (Bartok en premier). Accompagné par la pianiste Claire Désert, le violoniste marie efficacement la veine populaire et la rigueur de l'écriture de chaque partition, suffisamment pour habiter les longues péroraisons de l'op. 25 d'Enescu. Quant à la Sonate de Ravel elle révèle ici une qualité d'échange de timbres et de dynamiques remarquable (hormis un perpetuum mobile ascétique). Inédite jusque-là, la « Septième » sonate d'Eugèle Ysaye, dénichée par Graffin s'oriente elle aussi vers des horizons harmoniques nouveaux. Là encore, la magie opère comme s'il existait une stimulation mutuelle quasi électrique entre les deux partenaires qui confère à l’œuvre une authenticité naturelle. L'émouvante Petite fantaisie romantique du même Ysaye et Hora Unirii d’Enescu achèvent de nous convaincre de l'exceptionnelle réussite de cet album. (Jérôme Angouillant)  Philippe Graffin’s virtuosity combined with his skills as a sleuth have led to the world-premiere recording of a “Posthumous” solo violin sonata by Eugène Ysaÿe, an astonishing discovery that extends the Belgian composer’s canon of his essential six sonatas for the medium. Philippe unearthed the nearly-completed manuscript in the library of the Brussels Conservatoire, and polished off the final movement in the most Ysaÿe-esque manner possible. Philippe’s pechant for intuitive programming is brought to bear on Fiddler’s Blues, combining two Ysaÿe works – including another premiere, the Petite fantasie romantique – with a pair of folksy, Bohemian-flavoured works by George Enescu, another virtuoso violinist / composer who emigrated from his native Romania and like Ysaÿe settled in Paris. Enescu was a classmate of Maurice Ravel whose Berceuse sur le nom de Gabriel Faure is an affectionate nod to their teacher at the Paris Conservatoire, whilst his azure-tinged Violin Sonata influences the album’s title. Ravel’s slightly older contemporary Claude Debussy befriended Ysaÿe. Whereas Ysaÿe soared writing works for solo violin, Debussy wrote none. Suggesting how such a work may have sounded, Philippe contributes his own arrangement for solo violin, made together with David Matthews, of Debussy’s enduring piano piece Claire de lune.

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