 Le nom de Dante Michelangelo Benvenuto Ferruccio Busoni (1866-1924), musicien, penseur, pédagogue, est en soi comme l’expression de la complexité du compositeur et de son œuvre. À la tête d’un catalogue de plus de trois cents œuvres, Busoni révérait le contrapuntisme de J. S. Bach, mais, pianiste virtuose également, ne dédaignait pas de l’incorporer à ses œuvres les plus virtuoses comme dans la Toccata de 1920, pénultième composition avant l’opera Doktor Faust, inachevé à sa mort. Le livret d’accompagnement des deux sonates pour violon et piano parle justement ici du « violon de Faust ». La première Sonate, en mi mineur, composée en 1890, laisse affleurer l'influence romantique tardive de Brahms ; la solidité structurelle de sa construction, son écriture contrapuntique imitative et une prédilection pour le chromatisme mélodique en font déjà une pièce prémonitoire de l’esthétique de Busoni. C’est pourtant avec la seconde Sonate, datée de 1901, que Busoni déclarait avoir trouvé sa voie de compositeur, anticipant sur nombre de ses compositions ultérieures avec leurs humeurs souvent étranges et changeantes. Le modèle ici est l’opus 101 de Beethoven, dont Busoni utilise même la même tonalité de mi mineur, identiquement employée d’ailleurs dans la première sonate. Comme chez Beethoven, le premier mouvement s’ouvre lento sur un univers de rêveries, et précède un Presto en forme de tarentelle courte et brillante, culminant ensuite en une série de neuf variations sur un choral tiré du Carnet de notes de Bach pour Anna Magdalena. Dans une discographie marquée par la qualité de tous les interprètes qui se sont attachés à ces œuvres, Per Enoksson, Ingolf Turban, Leonidas Kavakos, Benjamin Loeb, Luca Fanfoni, etc., Nicola Bignami et Lucija Majstorovic, en dépit d’une prise de son privilégiant le piano, font reconnaître la justesse et la sincérité de leur engagement. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Ferruccio Busoni (Empoli 1866 – Berlin 1924) died the same year as Puccini and was born when Puccini was a child, yet he was way more than an opera composer. While he lived several years in Trieste and some time in Bologna, he mainly lived abroad and spent the second half of his life in Berlin. Way more than a composer, he was a wide-ranging artist and musician, an acclaimed concert pianist and sought-after piano teacher, a learned reviser of piano music, and the author of many and varied pieces. Busoni was also an aesthete, an intellectual, a music reformer, and author of texts on musical topics. A child prodigy, he wrote the Symphonische Suite for orchestra at the age of 17. Nicola Bignami and Lucija Majstorovic brilliantly face the arduous task of performing the two monumental and demanding sonatas for violin and piano that the composer wrote at twenty-four (first sonata) and at thirty-two (second sonata), in which the equal and dialogical relationship between the two instruments combines with a wealth of invention with respect for the great tradition.

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