 Chausson, sûrement une musique à écouter au coin du feu ! Ricanaient deux gavroches fourvoyés devant nous, complètement à côté de leurs baskets fluos à bascule (ils portent tous pareille horreur, juste pour nous ringardiser), au rayon classique d'un disquaire, puisqu'il fallait bien en passer par là pour atteindre le binaire industriel. Tout faux, petits acnéeux, son trio est une œuvre carrément du tonnerre de feu, d'un pathos souvent exacerbé, et d'autant moins pour les portugaises en charentaises que d'un jeunot encore, qui venait d'échouer à décrocher la pantoufle au Prix de Rome. On s'en trouve d'autant plus confondu par la profondeur d'une sorte de "mélancolie douloureuse à sommets effusifs" (avions-nous lu de quelqu'un écrivant fort juste), venant naturellement d'un franckiste ne se refusant pas la forme cyclique et où, en même temps, la maîtrise de la forme génère une impression de grande unité. C'est d'autant plus magnifique que les interprètes ici sont parfaits. A noter que ce trio est en quatre parties, comme celui de Ravel avec lequel il pourrait, d'ailleurs, partager le titre même de ses mouvements. Le trio suivant (un temps prévu aussi avec clarinette, il en existe alors aussi de rares enregistrements) est d'un tout dernier Fauré, déjà bien fatigué physiquement et bientôt malade, cédant un peu à la pression de son fameux éditeur Durand. Il n'est que clarté, équilibre, sérénité, sans une note de trop et en cela quasi mozartien. Là encore, les Fidelio en pénètrent idéalement l'esprit de décantation, la lumière quasi nimbée. Enfin, détente et récréation avec cette brévissime pochade de Satie, composée pour les entractes valsés de sa propre comédie lyrique, entre théâtre de l'absurde et bouffonnerie. Ce fut pour piano, puis ensemble orchestral, mais cette fois-ci c'est l'arrangement du britannique (d'origine allemande) John White, comme par hasard associé souvent au mouvement minimaliste. (Gilles-Daniel Percet)  Following on from their acclaimed Resonus debut the Fidelio Trio continues its exploration of the French piano trio with this impressive new recording of works by Gabriel Fauré, Ernest Chausson, and Erik Sate.
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