 Un lautari mélancolique empli les premières pages de l’Allegro molto, avant qu’Enescu ne déploie un orage dans la feuillée, puis un oiseau triste viendra chanter, seul dans le jour qui tombe où menace un autre orage. Tout Enescu pourrait être résumé dans ces onze minutes, le ton sombre de son opus 24 rappelle qu’il travaillait alors à une partie de l’orchestration de son Œdipe. Suivra une danse ivre que Cristian Sandrin envole, avant qu’un des nombreux jeux de cloches n’ouvre la divagation d’un final où s’infuse les souvenirs sonores d’une enfance entre villages et vallons. Cette cloche obstinée fait un pré-écho à celle qui résonne aux premières mesures des "Oiseaux Tristes", dont Cristian Sandrin, dans un clavier immatériel, augmente les mystères. Belle idée de faire succéder ces Miroirs antérieurs de dix ans à l’opus d’Enescu, qui les a entendus à Paris et les révérait. Sous les doigts immatériels de ce jeune pianiste roumain les "Noctuelles" sont idéalement spectrales, la "Barque sur l’océan" sur le fil d’écume, et pour "Alborada" il se souvient du geste impeccable et du tempo fixe choisi par Dinu Lipatti : son phrasé sans chercher à la cacher s’inspire de son disque justement légendaire. Jeux de timbres à nouveau pour introduire au mirage de "La Vallée des cloches". Secret de ce beau pianiste, en plus d’un touché magique, le nuancier raffiné d’une palette de peintre qu’il déploie pour les irisations des "Five Poems" de Cyril Scott. Quelle belle idée d’adjoindre à Enescu et à Ravel un peu du continent pianistique Scott, si oublié aujourd‘hui et qui prolonge les univers de Debussy et de Ravel avec un art inventif, un sens visuel de notes. Magique premier album d’un jeune homme à suivre. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) The present album recreates a unique conversation between the music of Cyril Scott, George Enescu and Maurice Ravel. This conversation takes place through the medium of sound poems to create a reality which is perhaps more perfect than our own. Furthermore, this album reveals an intricate web of friendships and mutual influences between musical artists working in Paris – relationships which empowered them to develop distinct but related musical languages. The works recorded here display a common musical language – a language whose syntax springs directly out of Wagner’s deconstruction of tonal harmony, further elaborated by Debussy’s free experimentations with timbre, sound and touch. In the latter’s art, the fluid harmonic language creates the sense of a series of vivid pictorial images – but these images also suggest a further intangible element beyond the realm of sense impressions, an intuition of the ‘Symbol’, a key which can unlock the inner content of appearances, an idea which played a crucial role in the artistic discourse of the time. Ravel, Enescu and Scott were unequivocally children of their times, but perhaps what is truly fascinating to performer and listener lies in disclosing the individual response of each composer to this artistic milieu. Born into a family of musicians from Bucharest, Cristian Sandrin has been sur - rounded by classical music all his life. The year 2017 was marked by his successful and critically well received debut solo recital at the Wigmore Hall. Cristian is a scholarship holder of the Imogen Cooper Music Trust benefiting from her unique one-to-one guidance and mentorship since 2017.
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