Elgar Concerto pour violon - Prélude - The Dream of Gerontius Zehetmair Elder

En 1910, le plus en vogue des compositeurs anglais créait son concerto pour violon aux côtés d'un immense violoniste autrichien, Fritz Kreisler. En écoutant près d’un siècle plus tard la gravure du virtuose Thomas Zehetmair et du chef Mark Elder, nous serions tentés de penser que cette œuvre majeure du répertoire d'Elgar est taillée pour un tandem austro-britannique. La largeur déployée par l’orchestre Hallé, poussant à raison les instruments juste en dessous de leurs limites sonores, ne laisse plus aucun doute sur l’aspect passionnel et dramatique d’un concerto autobiographique à propos duquel le compositeur disait qu’il y avait "écrit son âme en toutes lettres". L’archet de Zehetmair répond à l’orchestre avec toute l’énergie nécessaire, gonflé par un vibrato sulfureux dans les passages chantés et ne souffrant de la moindre peine dans les double cordes, redoutables, de la fin du premier mouvement. En ouverture du disque, l’extrait de l’oratorio "The Kigdom" (Prélude) pousse l’orchestre à aller chercher encore plus de puissance (jusqu’à 7 cornistes !). La conclusion se fera pourtant dans la douceur de "The Dream of Gerontius" (Prélude, The Angel’s Farewell) et par la promesse rassurante de l’ange accompagnant l’âme humaine après la mort : "Adieu, mais pas pour toujours [...] Demain je viendrai t’éveiller". (Benjamin Esterni)