Antonín Dvorák (1841-1904)
Rusalka, opéra en 3 actes

Asmik Grigorian, soprano (Rusalka)
David Butt Philip, ténor (Le Prince)
Emma Bell, soprano (La Duchesse)
Aleksei Isaiev, baryton (Vodnik)
Sarah Connolly, mezzo-soprano (Jezibaba)
Hongni Wu, mezzo-soprano (Huchtik)
Ross Ramgobin, baryton (Hajny)
Royal Opera Chorus
William Spaulding, direction
Orchestra of The Royal Opera House
Semyon Bychkov, direction
Ann Lee, mise en scène
Natalie Abrahami, mise en scène

Comme on l’aime cette "Rusalka" ! Ici, tout n’est que réussite, fruit d’un formidable travail collectif. La musique bien sûr, débordante de lyrisme typiquement tchèque dans une orchestration rutilante portée de main de maître par Semyon Bychkov à la tête d’un orchestre du Royal Opera House sommital ; la mise en scène ingénieuse et "écologique" de Natalie Abrahami et Ann Yee où la nature idyllique à l’acte 1 s’oppose au monde des humains prédateurs à l’acte 2, dans des décors signés Chloé Lamford, des costumes d’Annemarie Woods et des lumières de Paule Constable, l’ensemble étant superbement réussi. Asmik Grigorian subjugue une nouvelle fois par son timbre éloquent, sa présence scénique et cet art de faire chavirer d’émotion. On avait en mémoire Benacková et Fleming, on a aujourd’hui Grigorian ! Toute la distribution est à l’unisson avec David Butt étincelant, Aleksei Isaiev impressionnant, Emma Bell majestueuse et Sarah Connolly redoutable sans oublier le beau trio des dryades et la belle prestation de la jeune Hongni Wu en garçon de cuisine et du baryton Ross Gamgobin en garde-chasse. En bonus, une discussion avec les artistes. Remarquable ! (Gérard Martin)

Covent Garden aura vu sa première "Rusalka" sous les traits et dans le soprano double crème de Renée Fleming. Quel changement avec la Nymphe éperdue et blessée campée par Asmik Grigorian de son grand lyrique plein d’ombre. Les ombres, l’univers sélène qui est autant que l’élément lacustre la toile de fond de ce conte plus noir qu’il n’y parait, Ann Yee et Natalie Abrahami les ont saisis avec une mise en scène de pure poésie, à quoi répond la direction tour à tour lyrique et tourmentée de Semyon Bychkov qui s’est immergé dans la musique de Dvorak depuis son accession aux destinées de la Philharmonie Tchèque. Il semble importer dans les pupitres de vents de l’Orchestre du Royal opera House tout un univers sonore plus bohémien qu’à l’accoutumé. Ce n’est pas le moindre atout de cette captation formidable qui rend justice à tous les paysages d’un chef d’œuvre dont la lyrique échappe souvent et d’abord à son coté fantasque jusque dans le grand divertissement de la Princesse étrangère (fabuleuse Emma Bell). Même le brio y est noir, cerné par une direction d’acteur suprême jusque dans la cruauté. Le cast est sans faille, Prince velléitaire selon David Butt Philip au beau ténor, Ondin terrible d’Aleksei Isaev face à la Jezibaba aussi truculente qu’inquiétante de Sarah Conolly, suprêmement chantée, le spectacle file décidément trop vite, vous aurez plaisir à le revoir à volonté. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Rusalka, a water spirit, lives with her family in the pure waters of the forest lake. When she falls in love with a Prince, she sacrifices her voice and leaves her home in the hope of finding true love in a new world – a world that does not love her back. Natalie Abrahami and Ann Yee create a poetic, contemporary new staging of Dvorák’s lyric fairy tale, revealing our uneasy relationship with the natural world and humanity’s attempts to own and tame it. Semyon Bychkov conducts an all-star cast featuring Asmik Grigorian (Jenufa) in the title role.