 Deux grands arbres cachent la forêt des quatuors à cordes de Dvorák, au concert mais aussi au disque : le dixième (une quarantaine de versions) et le douzième (« Américain », enregistré plus de 120 fois). La douzaine d’autres, pourtant digne d’intérêt, est la plupart du temps cantonnée aux intégrales (et quelles ! Prague, Stamitz, Panocha, Vlach…). Capté en 2017 voici le copieux troisième volume de celle du quatuor Vogler, aux deux-tiers composé d’œuvres au destin compliqué (originaux totalement ou en partie détruits par l’auteur). Un disque entier est nécessaire pour contenir le seul B18, partition médiane d’une trilogie essayant d’adapter au quatuor à cordes l’idiome wagnérien : chaque mouvement est un flux continu de musique délaissant les formes traditionnelles. Les plus tardifs B40 et B57 montrent un Dvorák plus mûr poursuivant la recherche de son propre style, et touchant au but avec le second : forme classique, esprit schubertien, ambiance mélancolique réchauffée de couleurs folkloriques. Passé un incipit du quatuor B57 peut-être un peu grêle, les Vogler ne cherchent pas à « faire tchèque » mais réussissent une véritable « conversation en musique » fourmillant de détails et d’accents (les voix internes, l’Andante con moto de B57 !) … traitement qui convient fort bien à l’énorme et touffu B18, tantôt magnétique tantôt lyrique et qu’on écoute sans ennui aucun. Tim Vogler et ses complices (35 ans de compagnonnage...) se dirigent vers une intégrale qui côtoiera probablement les plus grandes. (Olivier Eterradossi) Individuality developed and revealed in ensemble performance – herein surely lies the secret of the Vogler Quartet, which has pursued a unique career with an unchanged membership ever since 1985. FonoForum wrote of Vol. 1 of our complete edition featuring all of Dvorák’s quartets, »The Vogler Quartet seeks rich sonority, sharp rhythmic contouring, and warm, earthy colors. In every respect a successful beginning for this complete edition.« Vol. 3 of our edition by these highly acclaimed interpreters, which also includes the String Quintet and Piano Quintet, presents more quartets by Dvorák. His Quartet No. 3 in D major, over sixty minutes in duration, ranks as what is surely one of the most extensive string quartets in the entire literature. The fact that he composed it immediately around the time of the premiere of Wagner’s Meistersinger no doubt also contributed to the work’s expansive dimensions. Dvorák’s String Quartet in E major composed in 1876 belongs to his middle compositional period, during which he did a great deal of experimenting with form and harmony. The slow movement may already be interpreted as a forerunner of later dumka movements. The Ukrainian word dumka – as a Pan-Slavist Dvorák in no way was influenced merely by the folklore of his native country – can be derived from dumatj (»to think«) and means as much as »contemplative melody.« This folk ballad in which songs and dance melodies are linked together is not bound to a particular form. Exciting listening!
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