Dvorák Jakobín opéra Dankova Aghova Bronikowski Albrecht - C641043

Parmi les 10 opéras composés par Dvorak, seul "Rusalka" a connu une certaine postérité. Pourtant le compositeur lui-même a eu de grandes espérances au sujet de celui intitulé "Le Jacobin" qui est ici proposé. Il écrit en effet à son éditeur en 1888 : « Je crois que "Le Jacobin" sera le meilleur de mes opéras ». C’est en fait le 7ème de ses opéras, composé sur deux années 1887-1888, pour contrebalancer l’échec du précédent qui avait pour titre "Dimitri". L’argument est assez simple : un père, noble, chasse son fils au motif qu’il est jacobin (l’histoire se passe pendant la Révolution Française), pour finalement se réconcilier avec lui après la découverte d’intrigues manigancées contre ce fils. La création qui eut lieu en 1889 remporta un vrai succès au théâtre national de Prague. Plus de 30 représentations furent données. Dvorak, à son retour d’Amérique, en fit une version révisée 10 ans plus tard. L’œuvre comporte de grandes scènes de danse et de chœurs qui parfois peuvent rappeler ceux de Wagner. Il n’y a pas moins de 2 basses, 2 barytons, 2 ténors, 2 sopranos et 1 alto. Les chœurs qui regroupent ceux des opéras de Prague et de Cologne, remarquablement mis en place, sont d’un allant irrésistible, comme dans L’accompagnement du trio du 1er acte. Le duo entre Livia Aghova et Michal Lehotsky au 2ème acte montre combien Dvorak a une véritable fibre lyrique. Quant à l’air du 3ème acte de la basse Christoph Stephinger, qui chante le rôle du père, il en ressort charge émotionnelle et dramatique particulièrement forte. Gerd Albrecht dirige l’orchestre de la radio de Cologne en valorisant pleinement chacune des voix. Avec ce 5ème opus sur les 10 composés, il semble progressivement enregistrer une intégrale des opéras de Dvorak. Une belle découverte à suivre. (Dominique Gérard)