 Pour son premier récital-carte de visite, il aurait pu délivrer sa vision des grands airs du répertoire de ténor lyrique. Il en a les moyens : il a déjà été le Duc de Mantoue et Walther von Stolzing. L’époque est au déclin de l’universalisme au profit des particularismes. Le jeune ténor John Matthew Myers choisit donc un programme qui évoque… Matthew Myers lui-même, son statut de métis américano-chinois, son sentiment de n’être ni assez l’un, ni assez l’autre, d’être rejeté, d’où la couleur uniformément mélancolique du programme, du Knoxville de Barber dans une rare version pour ténor aux Four Songs de Prévin en passant par des mélodies de Charles Griffes, et la lettre de Sullivan Ballou mise en musique par John Kander, par ailleurs compositeur de la comédie musicale Chicago. Rien de substantiel à reprocher à cette voix : l’émission est saine, avec un falsetto bien négocié, le souffle parfaitement contrôlé, les registres égaux sur l’ensemble de la tessiture, le timbre un peu passe-partout mais agréable. Espérons que Matthew Myers nous offre un récital d’airs d’opéra pour son prochain disque, et d’ici là, vous pourrez l’entendre en 2023 à l’Opéra Bastille en Mao dans Nixon in China de John Adams, face au Nixon de Thomas Hampson. (Olivier Gutierrez)  The star of tenor John Matthew Myers is rapidly in the ascendent. His debut album, Desiderium, coincides with his Metropolitan Opera debut in Brett Dean’s Hamlet. Desiderium – “an ardent desire or longing, a feeling of loss or grief for something lost” – beautifully showcases Myers’ mellifluous voice. His thoughtful programme of works by American and American émigré composers opens with Samuel Barber’s yearning Knoxville: Summer of 1915 – rarely heard sung by a tenor – and transitions to Charles Griffes’ similarly searching settings of 3 Poems of Fiona Macleod, and Andre Previn’s 4 Songs for Tenor and Piano. What follows is A Letter from Sullivan Ballou, set to the words of a poignant letter by an American Civil War officer, by John Kander (of Kander and Ebb musical theatre fame). Rounding out the recital are 4 Walt Whitman Songs by German-born composer Kurt Weill, including the classic O Captain! My Captain!
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