 Nous sommes en présence d'un très bel objet discographique, à plus d'un titre. Tout d'abord, il s'agit de Claude Debussy, appelé par certains 'Claude de France', dans cette Europe tourmentée dans la charnière du 19ème et 20ème siècle. Avec les incontournables pièces du Children's Corner, des pépites de concisions, de tendresse, et d'ouverture sur les rythmes Ragtime, qui furent composé en pensant à sa fille Chouchou, et à ses jouets qui ornaient son merveilleux univers d'enfant, le décors du maître est posé. Il y a des nappes rêveuses, sans mélodies affirmées, avec des rebondissements rythmiques, qui tout en déstructurant le thème, leurs confèrent une implacable unité. Je pense notamment à la Berceuse héroïque, et à l' Elégie. Nous avons voyagé dans ces panoramas merveilleux, car il y a tout dans cette musique. Des senteurs, des couleurs, et surtout une certaine forme de contemplation. Le voyage se termine en 1916, pendant la Grande Guerre, que Debussy vécu très mal, car terriblement diminué par son cancer, et miné moralement par cet horrible conflit. Alors nous quittons les reflets rêveurs, pour l'écriture des études, qui sont d'une terrible et extraordinaire rigueur, autant sur la forme que sur le fond. Le musicien se mut en un redoutable classique, avec une classe inégalée ; et sachons y déceler un peu de ce Chopin, qu'il vénérait. J'ajouterais avec beaucoup d'admiration la remarquable prouesse stylistique de cette jeune pianiste scandinave Julia Dahlkvis, qui vient de signer le 4ème volet de l’œuvre complet pour piano seul de Debussy, un projet initié par le facteur de piano Blüthner et le label Genuin. (Jean-Louis Fischer)  La jeune et talentueuse pianiste finno-russe Julia Dahlkvist se charge du finale du cycle Blüthner-Debussy, sorti en quatre volets chez GENUIN. Et elle prouve que des études ne doivent pas forcément être ennuyeuses, que des morceaux pour enfants ne sont pas destinés qu’à des tout-petits. C’est avec une technique réfléchie et une joie audible à soigner la couleur du timbre que la pianiste fait ressortir les tonalités légèrement élégiaques, finement satiriques du Doctor gradus ad parnassum (Children’s Corner), jusqu’à celles des suites d’accords exaltés des dernières Études. Du Monet pour les oreilles…
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