Orlando de Lassus (1532-1594)
Timor et tremor
Prophetiae Sibyllarum
Anna, mihi dilecta

Vicente Lusitano (1520-1561)
Heu me, Domine

Nicola Vicentino (1511-?1576)
Hierusalem
Musica prisca caput
Soav'e dolc'ardore
Dolce mio ben
Madonna, il poco dolce
Poi che'l mio largo pianto

Cipriano de Rore (1515-1565)
Da le belle contrade d'oriente
Calami sonum ferentes
O sonno

Luca Marenzio (1553-1599)
O voi che sospirate
Solo e pensoso

Luzzasco Luzzaschi (1545-1607)
Quivi sospiri pianti
Itene mie querele

Ensemble Exaudi

Juliet Fraser, soprano
Lucy Goddard, mezzo-soprano
Tom Williams, contreténor
David de Winter, ténor
Stephen Jeffes, ténor
Ben McKee, basse
Jimmy Holliday, basse

James Weeks, direction

Connu depuis Pythagore, l'échelle chromatique prend son essor à la Renaissance. Les compositeurs l'utilisent afin de contourner le mode traditionnel et donner une forme et une expression inédite à leurs œuvres. Cet album de l’ensemble Exaudi joliment illustré se propose de mettre en lumière et en couleur ce courant musical à partir des œuvres du théoricien et compositeur Nicola Vicentino qui dans son traité fait le tour du problème (en reliant théorie et pratique de la musique depuis la Grèce antique); et de ceux qui contribuèrent à sa propagation : Orlando di Lasso, Cipriano de Rore, Luca Marenzio et Luzzasco Lazzuschi en évitant celui qui en fit sa spécialité Carlo Gesualdo. On admire d'emblée la précision d'énonciation des chanteurs et chanteuses d'Exaudi dès l'ouverture du programme : "Timor et Tremor" et des extraits de "Prophetia Sibyllarum" de Lassus. Le court et cinglant "Anna mihi dilecta" n'est pas mal non plus. Du coté des madrigalistes l'harmonie ascendante du "Heu me Domino" de Lusitano (pourtant réfractaire aux idées de Vicentino) illustre parfaitement cette échelle des demi-tons. Les pages de Vicentino compensent leur statisme par leur lumineuse acuité. En revanche les trois madrigaux de De Rore se meuvent comme des têtes de méduse. Merveilleux "O sonno" ! Là encore Exaudi montre un équilibre parfait des pupitres et une remarquable attention aux textes. Chantées ainsi avec volubilité ou contention, les pages de Marenzio et de Luzzaschi s'offrent une nouvelle jeunesse. (Jérôme Angouillant)

Chromatics is a word derived from the Greek noun ???µa (khr?ma), meaning color, and the Greek adjective ???µat???? (khromatikós; colored). During the Renaissance, new music was composed in the Western world, opening up a palette of (timbral) colors for the first time. Before the Renaissance, music (in Gregorian chant) existed only to convey the word, not to make an appearance itself; this changed completely after the 15th century. Music, like painting, exploded into new forms and colors, and the era of the modern age was ushered in. Strange harmonies, mysterious voices - tones of passion and desire, of terror and fear, of the confusion of the sublime or of divine apparition... This is the world of musical colors that opened up in the age of the Chromatic Renaissance, giving rise to a music that is daring, adventurous and timelessly modern.