 Je ne savais rien de Schaghajegh Nosrati, élève chérie d’Andras Schiff, je ne connais pas même son "Art de la fugue" qui eut bonne presse en Allemagne, mais signer pour son second enregistrement tout un disque Alkan ne pouvait qu’attirer mon attention. Quelle idée éclairante de faire précéder les trois Etudes diaboliques qui constituent le Concerto pour piano seul par ce qui est tout à fait à l’opposé dans le catalogue d’Alkan, les Esquisses op. 63 dont elle sélectionne 8 pièces où l’étrangeté poétique le dispute au croquis impertinent. Elle y est merveilleuse de finesse, doigts légers qui suggèrent. Et comme elle tricote la Toccatina où cravache l’Etude alla barbaro qui viennent s’intercaler entre les groupes d’Esquisses. Pour le Concerto, elle se gardera bien des effets de manche, jouant serré, déboulant les polyphonies, allégeant tout de son clavier fusant, et faisant chanter les mélodies italianisantes qui dorent l’Allegro assai. Beau disque vraiment, qui laisse espérer que demain elle nous offrira un plein album de ces pièces de caractères qui font tout le sel du génie d’Alkan. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Assurément, au royaume des injustement sous-estimés, Charles-Valentin Alkan est un aristocrate. Pourtant, sa musique stylistiquement très marquée ne manque pas de singularité et d’attrait. Elle reflète bien celle d’un homme solitaire qui malgré sa virtuosité (qui aurait sûrement fait recette en ce temps béni du piano romantique parisien) se consacre à la composition et à l’enseignement au détriment de très rares apparitions scéniques. Des choix radicaux, de sa vie à ses partitions qui assurément refusent la demi-mesure. Il suffit de comparer sur ce disque ces "esquisses", prises sur le vif comme des instantanés, dont le timing ne dépasse pas la minute et un intrigant concerto pour piano seul dont le premier mouvement dure… 32 minutes ! La pianiste Schaghajegh Nosrati aborde cet ensemble avec précision, servie par un son de piano très limpide qui ne cherche jamais à séduire par de la brillance artificielle ou de lassantes boursouflures. Un véritable disque de piano donc, avec la musique d’un grand pianiste compositeur qui ne composa presque exclusivement que pour le piano, aux grandes heures du piano romantique de notre belle capitale. Qu’attendons-nous pour embarquer ? (Jérôme Leclair)  I started to become fascinated with composer Charles Valentin Alkan when I was very young. The groundwork was laid by my teacher Rainer M. Klaas, whose curiosity and commitment in favor of a seldom-performed and unjustly forgotten repertoire I still regard as an unrivaled source of inspiration. Klaas played a decisive role. At a time when few had ever listened to Alkan’s music or had even heard the composer’s name, I had already assimilated and learned to appreciate many of Alkan’s works thanks to his teaching. My brother Shafagh had also cultivated an interest in Alkan and performed several of his pieces. I found a further source of inspiration in pianist Marc-André Hamelin, who recorded Alkan’s piano music in an unprecedented quality and helped make them known to a much wider audience. Apart from my intense exploration of the music of J. S. Bach, I also began to learn and perform compositions by Alkan when I was still quite young……… Last not least, Alkan’s music is at times so unconventional and sarcastic that audiences may have experienced more irritation than enthusiasm. His style feeds on abrupt contrast; it features a great deal of counterpoint and is thus more akin to the so-called "German School" than to French salon music. Even today, Alkan’s music poses great challenges to listeners and performers, but I find those barriers by no means impossible to overcome. Anyone who dares to explore Alkan’s music more closely will be richly rewarded: these are works capable of displaying the utter extremes of the human condition alongside one another: seriousness and humor, intellect and emotion, tradition and modernity. (Schaghajegh Nosrati)

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