Bruckner Symphonie n 8 Knappertsbusch - C577021 - Petits prix - par Orfeo

Sans doute le plus grand chef wagnérien de l’histoire, Hans Knappertsbuch a toujours divisé pour ses interprétations brucknériennes. Son attachement indéfectible aux révisions pourtant indéfendables des élèves de Bruckner a certainement nui à son image. Nous le retrouvons ici dans deux captations de concert datant de 1955 et 1958 des deux dernières symphonies du maître de Saint Florian. Dans la révision de Max von Oberleithner qui a procédé à des changements d’orchestration parfois très audibles, la 8° impressionne cependant indéniablement. On notera au passage que le maestro connu pour ses tempos extrêmement lents dans Wagner signe l’une des gravures les plus rapides de toute la discographie de cette symphonie et boucle le tout en trente-cinq minutes de moins que Celibidache. Mais si l’adagio manque tout de même de recueillement dans cette optique, le final déploie une dynamique impressionnante qui culmine dans une coda cataclysmique quasiment sans rivale dans la discographie. Malheureusement, la 9°, elle aussi très rapide souffre vraiment de l’arrangement sacrilège de Ferdinand Löwe qui ne s’est pas contenté de modifier l’orchestration mais a également affadi et édulcoré l’harmonie qu’il jugeait trop audacieuse. Dès 1932, Siegmund von Hausegger avait dans un concert demeuré légendaire confronté cette révision à l’original et montré la nette supériorité de ce dernier sur la mouture jusque là usuelle. Dommage que, à la différence de tous ses confrères, Furtwängler en premier, Knappertsbusch se soit entêté à défendre cette triste révision. Malgré le souffle qu’il met à tout ce qu’il dirige, le texte est décidément trop mutilé pour nous séduire aujourd’hui. (Richard Wander)