 Herbert von Karajan, jeune-homme, rêvait de devenir le patron des Wiener Philharmoniker. Quelques disques en 78 tours pour Walter Legge dont une 9e Symphonie de Beethoven restée fameuse semblaient l’augurer, mais finalement, au début des années 50 ce fut l’autre orchestre de la ville, le Symphoniker, qui lui donna carte blanche. Dix années durant, Karajan pu mette au point des saisons aventureuses où la musique moderne devait tenir une part considérable, et qui lui permettait pour le grand répertoire de travailler dans le détail les œuvres qu’il enregistrerait à Londres, avec le Philharmonia pour Walter Legge. La Radio autrichienne conserve quantité de bandes documentant cette période très art et essai, passionnante, comme un atelier ouvert à qui voudrait comprendre les arcanes du style du jeune Karajan, Orfeo a choisi d’en révéler une part infime qui laisse espérer d’autres volumes. Le 2 octobre 1954 il ose la 5e Symphonie de Bruckner, la débarrassant de tout mysticisme. L’Adagio introductif est fascinant par sa rigueur, sa sombre clarté, son temps suspendu alors même que le tempo est plutôt allant. L’Adagio lui-même file, lumineux. Mais quelle surprise lorsque le Scherzo parait, en sabot, expressionniste, avec des rubatos insensés, si peu dans ce que l’on croit être les canons de l’art de Karajan. Le final, immense, tendu, explosif est tout aussi saisissant. Alors oui vraiment, il faut qu’Orfeo poursuive l’exhumation de ce qui semble bien être une vraie boite de Pandore… (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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