Britten Bliss Quatuors à cordes Barbirolli Quartet - NI6165 - Nimbus Classics

Seulement 5 années séparent les compositions des deuxièmes quatuors à cordes d’Arthur Bliss (1950) et de son compatriote Benjamin Britten (1945). Chez l’un comme chez l’autre, c’est à la suite d’un retour en Grande Bretagne, dans le contexte d’une Europe détruite, que ces deux œuvres aux multiples inspirations ont vu le jour. / De forme classique, en quatre mouvements, le quatuor en fa mineur de Bliss s’ouvre par un Allegro con spirito à la tension extrême, marqué par de nombreux motifs staccati joués à l’unisson. Après un Sostenuto introspectif utilisant les sourdines avant un périlleux développement par le violoncelle, le Vivo e con brio joue avec les contrastes en guise de Scherzo. A la suite d’une courte fugue, Bliss réussit même, comme Khatchaturian le fit quelques années plus tôt dans son concerto pour violon, le parfait équilibre entre un chant lent, phrasé par l’alto et les violons, et le danger permanent émanant du rythme saccadé de la basse. Un somptueux mouvement final de plus de dix minutes clôt une œuvre dense et aboutie, écrite par un compositeur qui ne cachait plus son admiration pour la musique française de Ravel et de Debussy. / Le quatuor n°2 de Britten fut composé pour l’anniversaire de la mort de Purcell. Après deux mouvements aux hautes exigences techniques, dans lesquels on peut voir l’admiration et le respect qu’entretenait Britten pour la musique de Chostakovitch, c’est dans la chaconne finale que l’hommage devient évident: Britten réutilise à l’identique le rythme d’ouverture présent dans la chaconne en sol mineur du roi baroque. Une œuvre qui fut par ailleurs arrangée pour quatuor à cordes par Britten lui-même quelques années auparavant et que les talentueux interprètes du Quatuor Barbirolli ont eu l’excellente idée d’enregistrer sur ce très beau disque. (Benjamin Esterni)