Johannes Brahms (1833-1897)
Danses hongroises, WoO 1
Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 23
Liebeslieder-Walzer, op. 52a

Duo Wyneke Jordans & Leo van Doeselaar, piano (Blüthner Grand Piano, Berlin, 1867)

C’est un portrait colorisé du vieux Brahms qui nous accueille sur la jaquette… « Curieuse idée », ai-je pensé avant de poser le disque sur mon lecteur. Mais tout s’est éclairé dès les premières notes du fastueux vieux Blüthner : c’est bien de couleurs qu’il s’agit, et pas qu’un peu. Véritable héros de la fête, l’instrument participe à la saveur « grande cuisine bourgeoise », civets et vieux alcools boisés, que l’orchestre de Brahms a toujours évoqué pour moi. Dans les danses hongroises d’ouverture (dont une quatrième que le Carlos Kleiber de la Chauve-Souris n’aurait pas hésité à qualifier de « schweinig »), le duo en tire également des sonorités de cymbalum et des accents de bastringue qui évoquent à merveille les musiciens roms et l’ambiance des cabarets. Si les Variations op.23 manqueront pour certains de profondeur pour évoquer le sombre contexte de leur composition, écoutez jusqu’au bout comment le dernier soupir de Schumann disparaît avec l’inextinguible résonance naturelle du piano… Quant aux Liebeslieder-Waltzer (certaines à peine raidies), quelle proximité avec leur version vocale ! Finissons-en avec la métaphore culinaire : le Brahms de Jordans et van Doeselaar dédaigne certes la cervelle mais célèbre les oreilles, le cœur et les tripes. Un régal ! (Olivier Eterradossi)

Johannes Brahms composed only a small number of original works for piano four hands, but arranged almost all of his chamber music and orchestral works for this instrumentation. He played most of them immediately after their completion with Clara Schumann and greatly appreciated her opinion. In his Hungarian Dances Brahms brilliantly transformed original Hungarian melodies and rhythms into multi-coloured orchestral works. The Blüthner grand piano from 1867 shows how Brahms made perfect use of the entire keyboard in his writing for four hands. The various registers appear completely transparent and clear. It is not generally known that Brahms was a great admirer and friend of Johann Strauss. And he loved waltzes! Thus Brahms also created an instrumental version of his Liebeslieder-Walzer for piano four hands. Robert Schumann’s last theme, which he wrote for his so-called Ghost Variationsimmediately before being admitted to a mental hospital, is used by Brahms in his homage to Schumann, which was written immediately after his death in 1856: the Variations on a Theme by Robert Schumann op. 23 for piano four hands, which ends with an impressive funeral march. For the piano duo Wyneke Jordans & Leo van Doeselaar it was an obvious choice to conclude their series with recordings of four-handed piano works by great German composers on period instruments with Brahms.