Brahms Musique de chambre pour clarinette Blumenschein Trio Chronos - GEN22786

Cet amour tardif (le « späte Liebe » du titre), c’est bien sûr celui de Brahms pour la clarinette de Richard Mülhfeld. Le couplage proposé est classique : les deux œuvres ont été composées et créées ensemble pendant l’été puis l’hiver 1891, et depuis très fréquemment associées. C’est le Brahms automnal : plutôt sombre, méditatif et plein de supputations. Inutile de dire que la discographie regorge de petites merveilles, le quintette en particulier étant un sommet de la musique de chambre pour clarinette. Le trio Chronos et ses comparses abordent les deux partitions comme des œuvres « avec » et non « pour » clarinette : interprètes et instruments tous égaux. Ils sont aidés en cela par leur pedigree : tous à l’exception du pianiste sont des membres éminents de l’orchestre de la Radio de Cologne, solistes ou chefs de pupitres. Ils livrent une version d’une très grande clarté où tout s’entend, peut-être au détriment de l’émotion et du rêve. Si la clarinette d’Andreas Langenbuch paraît un peu acérée dans les aigus, les textures des cordes sont très belles à condition de conserver un niveau d’écoute modéré, la prise de son réalisée de près étant un peu fatigante à volume élevé. S’il ne bouleverse pas la discographie, ce disque est une belle occasion de découvrir dans l’intimité des musiciens sortis de l’anonymat de leur orchestre. (Olivier Eterradossi)