Benedetto Marcello 6 Cantates pour soprano et basse continue I Solisti Ambrosiani - TC681302

Des Cantates de Marcello pour soprano, Nurial Real avait divulgué quatre opus de maturité où la singularité du vénitien éclatait à plein. Tullia Pedersoli, d’un soprano moins opulent, en reste à six cantates des jeunes années, où l’emprise de Vivaldi, et une certaine théâtralité se font sentir. La plume du compositeur autodidacte - il reçu de discrets conseils de Gasparini et Lotti, mais jamais d’enseignement académique - est habile, assez pour ne pas faire entendre les références et les réemplois trop voyants, le gout des effets expressifs, une intelligence aiguisée pour rendre sensible les émotions du texte au travers d’une écriture qui soudain semble si audacieuse, tout cela annonce les géniales mises en musique des Psaumes de David, son grand œuvre qui lui valu l’admiration de toute l’Europe musicale d’alors. Sur un beau continuo versicolore Tullia Pedersoli donne toutes leurs chances à ces six joyaux de jeunesse, apportant un éclairage bienvenu sur les prémices d’un art majeur. Lisez le texte éclairant de la soprano avant d’entendre le disque. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Des quelques disques qui témoignent du répertoire de cantates de Benedetto Marcello, on retiendra celui de la divine Nuria Rial accompagnée par la Floridiana (DHM 2023). Le présent disque propose en première mondiale six cantates de jeunesse du compositeur. C'est déjà son intérêt. Même s'il emprunte aux maîtres vénitiens, Vivaldi en premier, le langage du jeune Marcello possède une vraie originalité. Modulations soudaines, chromatisme, harmonie recherchée (les intervalles). Une subtilité que l'on retrouve dans l'écriture vocale assez virtuose, alternant passages brillants et temps suspendu. De l’excellent style baroque. Les récitatifs sont d'une belle alacrité et les airs particulièrement inspirés. Sans rivaliser avec Nuria, la soprano Tullia Pedersoli déploie un timbre clair et vigoureux et une virtuosité naturelle. Elle est ici accompagnée par le clavecin de Nicola Bisotti, le théorbe de Massimo Marchese et le somptueux violoncelle de Claudio Frigerio. Trois instruments qui font jeu égal avec la voix grâce à une prise de son remarquable. (Jérôme Angouillant)

Preserved in three different libraries, the Marciana in Venice, the Library of the Naples Conservatory, and the State and University Library in Hamburg, the six cantatas that make up this world-premiere recording were composed by Benedetto Marcello in the early 18th century. These are thus youthful works, quite interesting for the originality of their writing, which helps us understand why their author was so highly regarded during his lifetime - even called the “prince of music” - and also by posterity, as he managed to blend his personal sensibility with lessons drawn from tradition and the influences of a life rich in cultural encounters. The compositional structure of these works – less known than his concertos and theatrical works – follows the traditional format of alternating recitatives and arias. However, this does not prevent the author from experimenting with innovative solutions, particularly in the treatment of the voice. Typical of Marcello’s style is a certain inclination toward the bizarre, with the use of harmonies that can sound “estranging,” sudden modulations, chromaticism, augmented sixth chords, and the melodic interval of the diminished fourth. In some passages, he even seems to anticipate the models of the “sublime” style theorized in the mid-to late 18th century.