 Surgi de la croupe et du bond... C'est à ce vers du bon Stéphane (il citait du vieux Mallarmé, nous l'avons arrêté...) que nous pensions devant l'irrésistible allant, la verve, aussi la cohésion (avec ce piano n'écrasant pas ses partenaires, comme trop souvent en pareille formation de chambre), outre leur lyrisme d'un naturel confondant, de ces interprètes... suisses generis, à la discographie déjà belle et solide, et qui opèrent depuis 1998. Puisqu'il s'agit du sixième (et dernier) volume, remettons donc une cinquième fois sur le métier de notre bonheur auriculaire l'ouvrage de notre total respect, augmenté d'une admiration d'autant plus sans faille que même pas stipendiée. Car, et nous l'avons déjà dit ici haut et fort, cette désormais intégrale de la musique en trio pour piano et cordes de Beethoven est à inscrire au sommet. Alors oui mais bon, on se disait, ça finit juste pour le principe d'être complet, avec des arrangements a priori d'intérêt, voire de source éditoriale secondaires. Or, ce quintette à cordes revisité (fort possiblement de manière apocryphe, on a parlé d'un certain Kleinheinz) sonne vraiment comme originellement pour trio (surtout sans doute, et convenons-en, si l'on écoute rarement un quintette de Beethoven...). Magnifique, surtout dans pareille version à ce point convaincante et maîtrisée, à la fois si fine et si intelligente. C'est par nature un peu moins évident musicologiquement pour cette radiographie amaigrissante (et peut-être partiellement de Ferdinand Ries) d'une jeune symphonie comme mise à nu par ses pneumologues célibataires même (nous préférons, par exemple et tant qu'à faire, l'ultra décorticage éplucheur d'une transcription lisztienne pour piano solo). Mais le talent infaillible du Swiss Piano Trio sauve tout, et même transcende et transfigure. Bref, intégrale s'imposant intégralement, et qui peut-être sera, un de ces quatre, réunie en un seul coffret ? (Gilles-Daniel Percet)

|