Pour mettre en valeur la restauration et les qualités du fortepiano Conrad Graf N° 429 daté de 1820, soit environ un quart de siècle après la composition des œuvres présentées par Roberto Prosseda, la prise de son de cet enregistrement a été particulièrement soignée et rend pleine justice aux talents de Mauro Buccitti et du Laboratorio Restauro Fortepiano de Florence. De ce seul point de vue, l’auditeur sera conquis par les timbres charnus de l’instrument parfaitement restitués par une mécanique à la réactivité exceptionnelle. Exceptionnelle est aussi la manière stylistique dont, par les phrasés, la dynamique, les tempi, Roberto Prosseda s’approprie les climats variés de cette trilogie de sonates de jeunesse en quatre mouvements fortement typés. Dédiées à Haydn, et composées entre 1794 et 1795, devant lequel un Beethoven incandescent de fougue les joua au cours d’une soirée chez le prince Lichnowsky, elles donnèrent certainement au vieux maître le sentiment qu’un âge était en train de s’achever avec lui. La première sonate, en Fa Mineur, exprime en effet une exubérance très personnelle, traversée d’un souffle véhément et sauvage que Roberto Prosseda rend parfaitement. La seconde, en La Majeur, laisse une sorte de joie simple prendre le dessus sur les tourments de la première et impressionne par le cantabile du Largo appassionato, son second mouvement. La troisième, enfin, en Ut Majeur, est la plus développée et charme immédiatement par son ardente vigueur, sa bravoure virtuose, au milieu desquelles l’Adagio de son second mouvement instaure dans la tonalité de Mi Majeur un climat de douloureux recueillement, tandis que le Finale Allegro assai se signale par toute l’impétuosité d’un esprit révolutionnaire. Le sens musical de Roberto Prosseda que l’on admirait déjà dans Mozart, Mendelssohn, Schumann, Gounod, Petrassi, Morricone, trouve ici une nouvelle occasion de s’exprimer. Un CD particulièrement recommandable et très recommandé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Can something new, interesting and ‘true’ still be said about the interpretation of Beethoven’s sonatas? I believe so, provided we break out of the conventions created by the tradition of interpretation and discography, where in 98% of cases a modern piano is used. Therefore, I thought that the choice of recording Beethoven on a historical instrument could also be a way for a more individual interpretative investigation, free from the models that listening to famous recordings on a modern piano risks accustoming us to. I do not believe that there is a ‘right’ and a ‘wrong’ instrument on which to perform Beethoven’s Sonatas Opus 2. What matters is the musical result. It depends on the alchemy that is created between the performer and the instrument. Before I came to choose the Graf No. 429, I tried at length various modern copies of fortepiano from 1795 - 1800, trying to get closer to the sound and expressive world of early Beethoven. However, having the opportunity of having a Graf fortepiano (No. 429) in my studio, restored in 2023, I was able to prepare this recording on that instrument, playing it regularly for a year, achieving a kind of familiarity with its action and timbral response that I have grown fond of. (Robert Prosseda)
|