Beethoven Intégrale Des Quatuors à Cordes Vol 2 Quatuor Di Cremona - Aud92681

On avait apprécié le volume I de ce quatuor de Cremone dans trois quatuors de Beethoven (issus de l'opus 18 95 et 135). Déploré l'urgence un peu artificielle de certains moments (Allegro) mais aussi admiré une belle sérénité dans les mouvements intermédiaires. Revoici les Crémonais dans l'op.59 n°2 et l' op.127. Le Razumovsky débute par un Allegro au débit véhément et haché. Même si la forme générale de l'œuvre est assez conventionnelle, les italiens veulent marquer leur territoire : une certaine violence dans les attaques, un phrasé instable, une expressivité exaltée. Idem dans le finale, acéré, presque lacéré. On y retrouve leur marque de fabrique. Ils impriment la même sécheresse de jeu dans l'Adagio. Dans le thème russe, abordé précipitamment, on cherche le cantabile. On aimerait (surtout après avoir entendu les Amadeus) un soupçon de tendresse et d'empathie. Le 12ème quatuor qualifié par R.Simpson de « la plus mystérieusement angélique des œuvres de Beethoven » donne aux musiciens l'occasion de développer les affects de leur jeu, tout en maintenant une ligne sinueuse mais ferme. Pour preuve : le long et lyrique Adagio à variations basé sur un thème d'une mélancolie inouïe, ciselé par le premier violon et dévoilé tout au long de son développement par cette réelle symbiose entre les membres du quatuor. Les instruments sont magnifiques, la prise de son superlative, Si l'on excepte cet aspect de rudesse qui pourrait passer pour un défaut mais qui signe une interprétation, il faut reconnaître au quatuor de Cremone sa cohésion, son engagement total et une fort belle sonorité d'ensemble, riche et profuse. (Jérôme Angouillant)