 Dès le thème la modestie du ton surprend. On sait que celui là ne jouera pas à l’interprète. La rectitude de la première Variation, son ton enlevé, ses piqués, le délié athlétique de l’ensemble surprend. Même jeu en noir et blanc et sur les pointes dans la deuxième Variation. Je ne vais pas vous dérouler tout le cycle, à chaque fois Stepan Simonian sculpte tout en déliés, mais avec un ciseau d’une telle précision que l’on ne peut qu’en être bluffé. Alors certes les charmes, les inventions, le plaisir lui-même, resteront à la porte de cette lecture preste, pressée presque, qui ne voit que l’urgence des notes, la rectitude du texte, l’immédiateté, si bien que ce sens du court, ces vertus du bref font se demander pourquoi un grand piano ? Car enfin avec tant de muscle sec, un clavecin aurait joué le jeu, d’autant que lorsque les timbres du piano d’aujourd’hui auraient pu arquer les canons, en faire chanter les polyphonies, c’est la nudité totale des échos qui s’impose sans un paysage pour venir y mettre ses atmosphères. Le texte rien que le texte, sans aucun desséchement, mais avec cette lumière qui dans l’Ouverture proclame que cette proposition est un geste architectural. Extrême, radical, et quasi objectif au point d’en être dérangeant, cette lecture (ce qu’elle veut être d’abord) sera aussi irritante qu’exaltante. Essayez un peu d’y danser. Demain, il faudrait que Stepan Simonian se mesure aux Partitas, la 6e semble écrite pour lui. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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