Bach Telemann Concertos pour alto et basson Tomter Kuuskmann Bjoranger - PSC1326

L'indifférence aux timbres et aux innovations instrumentales (les Concertos Brandebourgeois constituant l'exception) est un de ces rares aspects par lesquels l'auteur de l'Art de la Fugue ne se distingue pas du monde musical de son temps. La nature interchangeable des instrumentations occasionnant moult recyclages et transcriptions est conforme aux pratiques de l'ère baroque. Même chez les plus grands l'originalité peut bien avouer quelques limites. Aussi la recherche de l'original (nous parlons de texte maintenant) chez Bach peut parfois s'avérer secondaire, d'un intérêt restreint à la musicologie. Contentons-nous de rappeler que c'est essentiellement dans leur version pour clavier(s) qu'ont acquis leur notoriété définitive les trois concertos interprétés ici à l'alto et au basson. C'est par contraste saisissant Telemann qui, dans le domaine instrumental, fait figure d'original. On ne peut contester le caractère inégalable de la frénésie expérimentale de l'auteur des quatuors pour quatre violons et du concerto pour alto. Ce dernier est sans doute le seul concerto écrit pour cet instrument avant l'époque classique, plus généreuse (Carl Stamitz, Vanhal, Hoffmeister...). Transcriptions et « originaux » sont ici indifféremment concernés par la quête du naturel et de la justesse expressive. La prise de son et les interprètes ont en commun l'absence de clinquant, préférant la sérénité durable à l'éclat éphémère. (Pascal Edeline)