 C’est un rare Gagliano, sorti de l’atelier du fils en 1720, qu’a choisi de jouer Isang Enders. Le nouveau prodige du violoncelle allemand, qui fut le plus jeune premier violoncelle de la Staatskapelle de Dresde (il avait tout juste vingt ans), a gravé ces Suites en une grande année dans les boiseries du studio Teldex de Berlin, sonorités rondes, archet fluide, phrasés débordant d’imagination, c’est d’abord à une célébration de la danse que nous convie ce virtuose dont les foucades alternent avec des pleins et des déliés envoutants, d’une finesse de traits, d’une profondeur d’inflexion qui n’est pas sans me rappeler la toute récente version d’Emmanuelle Bertrand. Décidément, la nouvelle génération entend ces Suites comme de pure pièces de plaisir, musique heureuse, solaire, avec une certaine italianita dans le mouvement, quelque chose absolument appris des lectures historiquement informées, mais transcendé par une ivresse de la danse qui emporte les Six Suites d’un seul trait, Isang Enders refusant de les jouer dans l’ordre d’édition du cahier, les répartissant en deux ensembles (V, II, IV puis III, I, VI), le premier en teintes plus lumineuses que le second, ajoutant à la BWV 995 les notes supplémentaires prise dans la version pour Luth qui serait l’original de la 5e Suite. Le discours du jeune-homme est si singulier, son tête-à-tête avec chacune des Suites si brillant qu’il est impossible d’en suspendre l’écoute. La note d’intention de l’artiste est révélatrice, le texte sur les Suites, signé par Kit Armstrong, un des partenaires favoris d’Isang Enders, évidemment passionnant. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

|