 On connaît le douloureux passé de Vladimir Felstman, réprimé dans son pays, interdit de concert, et après des années de combat autorisé à enfin émigrer aux Etats-Unis. C’est à New York, après une série de concert qu’il eut le projet d’enregistrer les grands cycles pour clavier de Bach. Bach compose ses partitas entre 1726 et 1731 (une par année) « pour les amateurs de musique afin d’enchanter leur esprit ». On y trouve les combinaisons qu’offre le langage polyphonique, la dialectique entre forme et contenu. Cette nécessaire capacité d’ « inventio » qui doit être mise en œuvre par l’interprète. C’est un Bach noble, rigoureux, charpenté que nous offre Vladimir Felstman. Il suffit d’écouter comment il développe la longue toccata d’ouverture de la 6ème partita. Il donne à son toucher un mœlleux, une souplesse, un dynamisme qui parcourt ces pages ne laissant jamais une once de mièvrerie ou d’affectation dénaturer son toucher. Rigueur, sobriété, humilité, éloquence du discours musical. Le moindre prélude est traité avec la componction nécessaire. On reconnait là le Bach « orateur » décrit par le recteur Ernesti de Saint Thomas de Leipzig. L’auditeur ressent tout au long de ces suites l’expérience d’un pianiste complet qui n’hésite pas dans la troisième partita à introduire des éléments « jazzy », presque du « groove » dans les ornements des gigues et de subtiles pauses à l’intérieur des mouvement lents. Cette familiarité avec le répertoire du vingtième siècle (il a créé notamment la sonate d’Alfred Schnittke) nous plonge dans une interprétation réflexive et pertinente. Ecoutez les rebonds de la gavotte de la sixième partita. L’énergie et la vélocité dispensent une accentuation des lignes polyphoniques toujours maitrisée qui ne verse jamais dans la brutalité. Après les variations Goldberg, l’Art de la Fugue, les deux volumes du Clavier bien Tempéré, le pianiste russe nous livre une quasi-intégrale pour Nimbus de la musique pour clavier de Bach qui devient déjà une véritable référence. Un mot sur la qualité de la prise de son : lisible et réaliste. Elle permet d’explorer toutes les facettes du grand Steinway. (Jérôme Angouillant)  Pianist and conductor Vladimir Feltsman is one of the most versatile and constantly interesting musicians of our time. His vast repertoire encompasses music from the Baroque to 20th-century composers. A regular guest soloist with leading symphony orchestras in the United States and abroad, he appears in the most prestigious concert series and music festivals all over the world. A dedicated educator of young musicians, Mr. Feltsman holds the Distinguished Chair of Professor of Piano at the State University of New York, New Paltz, and is a member of the piano faculty at the Mannes College of Music in New York City. He is the founder and Artistic Director of the International Festival-Institute PianoSummer at SUNY New Paltz, a three-week-long, intensive training program for advanced piano students that attracts major young talents from all over the world.
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