 Avant même que Mendelssohn n'eût fait « revivre » à sa manière les œuvres de Bach, bien d'autres figures avaient contribué à leur propagation, y compris hors des limites de l'espace germanique. En Italie, le padre Martini, moine franciscain, compositeur et musicologue réputé dans toute l'Europe, constitua une bibliothèque d'une richesse sans égale dans laquelle figuraient nombre de pièces manuscrites et imprimées du Cantor, Maître absolu à ses yeux. Contemporain du père Martini, le musicien et compositeur allemand Friedrich Wilhelm Rust effectua de 1765 à 1766 un voyage dans la péninsule qui fit de l'abbaye du Mont Cassin un foyer durable de rayonnement de la musique pour clavier de Bach. Rust ne se contenta pas en effet de la faire résonner sur l'orgue local, mais offrit généreusement à l'abbaye de précieux manuscrits tirés de sa collection personnelle. C'est cet essor de Bach à la fin du XVIIIe siècle en Italie que Luca Guglielmi entend restituer à travers un florilège d'œuvres minutieusement choisies (chorals, fugues, préludes, fantaisies) datant pour la plupart de la période 1708-1725 et empruntées en bonne partie aux collections de Martini et Rust. Si certaines des pièces de ce CD étaient plutôt destinées au clavecin, toutes furent probablement jouées sur l'orgue de Monte Cassino. L'orgue ayant été détruit, avec l'abbaye, durant la bataille de 1944, c'est sur un autre instrument italien, très proche de l'original quant à sa facture et sa composition que Guglielmi, en véritable alchimiste de la registration, parvient, de façon frappante, à retrouver des sonorités de musique nord-allemande juste un peu attendries par la lumière du Sud. Le jeu souple et vif de l'interprète fait merveille dans les méandres des fantaisies, les chorals ornés sont servis par une expression et une articulation d'une remarquable clarté. Grande finesse, transparence et élan dans le développement des lignes mélodiques des duetti. L'architecture péremptoire et verticale des pièces plus directement liturgiques est ici magnifiquement servie. Ce disque qui apporte un éclairage original sur la réception de l'œuvre de Bach après sa mort et met en valeur des manuscrits dont le texte, souverainement interprété, diffère par-fois de la version définitive est, tant sur le plan esthétique que musicologique, une véritable révélation. (Bertrand Abraham)  In the church of San Nicolao in the quiet northern Italian town of Alice Castello survives a hidden jewel : an organ dating from 1749, perfect for Bach’s music. The vivid sound of this unique organ, and the equally stunning acoustic of the church, is brilliantly captured in this new VIVAT release. Renowned Italian organist Luca Guglielmi performs some of Bach’s finest keyboard music, compiled from works collected by two eighteenth century scholars, Padre Martini and Friedrich Wilhelm Rust, that would surely have been heard in the famous Abbey of Montecassino, a magnet for musical travellers on ‘The Grand Tour’. Martini and Rust played a major role in the creation of the first collected edition of Bach’s works. Extensive presentation includes 44 page booklet with liner note in four languages (English, Italian, French & German), together with illustrations and session photographs, as well as comprehensive details of this unique eighteenth century organ.
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