 Quel destin ! Echappé des périls nazis, mais brisé à jamais (du moins le croyait-il) dans son destin de compositeur par l’assassinat de son amour de jeunesse, Walter Aptowitzer, réfugié aux Etats Unis, prenant le patronyme d’Arlen, ne retrouvera l’inspiration qu’à compter des années 1980, compositeur enfin et d’une œuvre restée secrète, poétique, énigmatique, où des échos judaïques se mêlent à des souvenirs de cette second école de Vienne qui restera son modèle. Ses mélodies en constituent l’essence – on en trouvera sur cet album seulement cinq, toutes sur des poèmes de Rabindranath Tagore - magnifiées par le soprano expressif d’Inga Nielsen, merveilles lyriques qui dominent par leur inspiration les pièces de piano constituant tout le reste des deux disques. D’un accès moins aisé, malgré tout le soin que leur apporte Daniel Wnukowski, elles risquent de ne pas rendre justice à ce compositeur redécouvert au début du XXIe Siècle, et qui nous a quitté ayant passé cent ans le 2 septembre 2023. L’essentiel des mélodies, réunies par Gramola dans un autre album sont autrement inspirées, je vous en causerai sous peu. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Wien, nur du allein, Mémoires d’errance d’un exilé juif viennois, une autobiographie musicale donc, en douze pièces pour piano et un cycle de mélodies pour soprano. Le compositeur s’en explique dans le passionnant et indispensable livret. Walter Arlen est né en 1920 à Vienne. Parti en ballade un peu par hasard au Steinhof certaine nuit de novembre 1938, il échappe à la nuit de Cristal. Les deux nocturnes qui ouvrent l’album disent avec pudeur son incompréhension et son effroi : « cela, dans la ville de Schubert ! ». Seule réponse possible, l’exil : les impressions de voyages se succèdent, dans des ambiances aussi peu viennoises que possible : Persepolis, Luxor, Sanaa, l’Inde, et la rencontre avec Tagore d’où naîtra le cycle « Tellings of the Beads – Five last songs ». Un jeu vertigineux de correspondances renvoie à cette civilisation Mitteleuropa disparue. Le pianiste polonais Daniel Wnukowski sert cette musique debussyste avec un impressionnant sens des équilibres et des dosages de couleurs. Une œuvre kaleidoscopique au premier abord, mais d’une profonde cohérence, très Monde d’hier de Zweig. Un disque fascinant. (Olivier Gutierrez) The third and concluding 2-CD set of works by one of the last surviving members of the generation of composers the Nazis sought to extinguish, Walter Arlen, presents short songs for piano solo as well as songs with soprano, describing different touchstones and experiences of his life. Atrocities like the Kristallnacht 1938 in Vienna find their musical expression in his works, as well as journeys to distant, exotic places and expericences with people; and time and again art and music are the ingredients to Walter Arlens life after his eviction by the Nazis. Polish-Canadian pianist Daniel Wnukowski and Texan-born Rebecca Nelsen interpret songs of utmost inner emotions and reflections on human history and life.
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