Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita pour violon n° 1, BWV 1002

Eva Reiter (1976-)
Allemande multipliée

Simone Movio (1978-)
Incanto VII

Andreas Lindenbaum (1963-)
En tournant

Bernhard Gander (1969-)
Bourrée bourrée

Annette Bik, violon

Pour ce Double Bach, la violoniste autrichienne Annette Bik a commandé à quatre collègues compositeurs (dont deux issus du Klangforum de Vienne où elle exerce), une pièce originale qui fait écho avec les quatre danses de la Partita BWV 1002. Ces dernières comportant elles-mêmes un double c'est à dire une reprise variée du mouvement. Un double du double en quelque sorte. Côté Bach, l'archet assez sec d'Annette Bik tend à une lecture objective et dépouillée assez proche de celle de Gidon Kremer (1980). L’aventure réside ensuite dans la capacité d’émancipation voire d'opposition de chaque créateur qui déstructure à loisir le texte d'origine tout en s'attardant sur les effets et la production du son. Ainsi l’ « Allemande multipliée » d’Eva Reiter déboulonne toute construction et discours musical pour générer une panoplie de sons bruitistes où sont convoqués la technique de l'instrument et la voix de l'interprète. Malicieux et fastidieux dans la durée (Huit minutes). Suite à la Courante et à son double « Presto », « L'Incanto VII » de Simone Movio reprend le texte en le faisant défiler au ralenti comme un film qui aurait subi les effets du temps : saccades, parasites et grésillements. On a peine à deviner le palimpseste. Andreas Lindebaum a passé au tamis la si belle Sarabande et son double. Il n'en reste las que des échos fragmentaires. Un jardin zen. Quant à la « Bourée bourée » revisitée par Bernhard Gander elle se mue rapidement en virée alcoolisée. Si l'on reste coi (et sceptique) à l'écoute de ces différentes propositions musicales inspirées semble-t-il par la radicalité d'un Lachenmann, on salue la performance de l'interprète et l'originalité du projet. (Jérôme Angouillant)

Anette Bik, violinist with the internationally popular Klangforum Wien, is familiar with both early and contemporary music. On her first solo album, “Double Bach”, she presents a fascinating experiment: she asked leading contemporary composers to write a “double” of each movement of Johann Sebastian Bach’s famous Partita in B-minor. The idea seemed even more compelling since Bach also added a variation, or double, to each movement of his suite. As listeners we are in the unique situation of being able to experience a Bach double double, a stroke of genius in the mirror of our times, a fascinating auditory document where the greatest virtuosity andimmediate impact come together in a rare coalescence. In that moment, we feel what the Austrian publicist Armin Thurnher expresses so succintly in the Liner Notes for this CD: “Bach is a complete cosmos for sceptics, Bach is the experience of infinity for mortals.”