 On salue l’entreprise du chef Massimo Belli d’exhumer ce requiem d’un compositeur italien (injustement ?) méconnu, Andréa Luchesi qui partagea sa vie de musicien entre l’Italie et l’Allemagne. Après un début de carrière florissant comme titulaire des orgues à Venise, Luchesi compose des symphonies, de la musique pour clavier et des opéras qui le feront connaître jusqu’à Vienne puis Bonn où il décide de poser définitivement ses valises auprès du Prince Electeur de Cologne. Maitre de Chapelle de la cour, il aura pour élève Beethoven, Reicha et Ries. Pour des raisons très circonstancielles (les profits de éditeurs de l’époque) une grande partie de son œuvre s’est volatilisée et l’enregistrement de ce Requiem composé en 1771 est donc une aubaine. Si on a pu considérer Luchesi comme un précurseur du style classique, sa musique sacrée créée plutôt une passerelle entre Jommeli et Chérubini. Ce Requiem de facture classique offre de grosses masses chorales, la présence d’un récitatif central (!), d’airs opératiques, d’envols contrapuntiques dont une fugue assez brève (Liber Scriptus). Même si quelques pages (Lacrimosa, Juste Judex, Dies Irae) possèdent une dimension de ferveur et d’authenticité, l’ensemble manque de personnalité et sonne assez banal et routinier d’autant que l’interprétation montre de nombreuses scories coté orchestre (balourd) et solistes (le ténor du Tuba Mirum !). Quant à l’Ave Maria de style baroque qui clôt l’album, cette combinaison alchimique entre la relative gaucherie des interprètes et la naïveté de son expression le rend irrépressiblement émouvant. Une aubaine relative et une réussite mitigée. (Jérôme Angouillant) The compositions recorded in this album are other important works belonging to the sacred music repertoire by Andrea Luchesi: the Offertorium “Ave Maria” in D Major, for solo, four part choir, orchestra and basso continuo, the “Requiem” and the “Dies Irae”, all preserved in handwritten score and parts in Modena at the Library Estense (F. 661) in the section of sacred music. The “Ave Maria”, recorded here for the first time, is without doubt a score of consistent quality and inspiration: it is highly original and seen as more interesting than some of the other major works recorded in this album. The “Requiem” for example, poses some historical and stylistic problems: it is an assembly of two works (the “Requiem” and the “Dies Irae” for solo, four-voice mixed choir and orchestra - Modena, F. 656) and the ‘Messa in F major’ for four-voice and orchestral (F. 647). The connection between the two creations, was clearly made because the tonality (F major) is the same for both works. However, there is also a certain thematic cyclicity in the “Requiem” and in the “Dies irae”, which echo parts of the mass. Not all the pieces are at the same, high inspiration ‘niveau’. However Luchesi’s sacred music, too, contains compositions of the most elevated quality, testament of a very important though forgotten composer of the eighteenth century who praises God for the talent he has given him in this detached and incomprehensible design of life and death.
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