 Le massif des 10 Sonates dotées d’un numéro d’opus que Scriabine a composées s’échelonne de 1891, ses dernières années d’étude au Conservatoire de Moscou, jusqu’à 1913, la dernière période créative de sa courte vie, au cours de laquelle le projet polysémiotique et inter-correspondanciel de "Prometheus" (ou le Poème du feu) avec son clavier à lumières retenait déjà toute son attention. La brillante et intelligente pianiste italienne Mariangela Vacatello a récemment publié le premier volume d’une intégrale de ces sonates (Clic Mag 118, 09/2023). Inutile de revenir sur ce qui en a été écrit si ce n’est pour souligner ici encore la parfaite adéquation de l’interprète à cette musique tour à tour si élusive et si assertive, toujours reconnaissable par son recours constant à l’accord "synthétique" ou "mystique" de quartes superposées, et à des chromatismes languides ou, a contrario, à de fulgurantes fanfares, arpèges et trilles obsédants, qui tentent de rendre les idiosyncrasies mystiques du poète symboliste et philosophe Vladimir Solovyov (1853-1900), auquel Scriabin avait été présenté par Sergei Nikolaevich Trubetzkoy, fondateur du Conservatoire de Moscou. L’auditeur n’oubliera toutefois pas que Scriabine avait été auparavant fortement impressionné par Schopenhauer et sa conception du "désir qui constitue l’être même de l’homme". On retrouvera parfaitement cette érotisation des rythmes et des couleurs dans les interprétations ardentes et profondément senties et vécues que "la Vacatello", comme disent les Italiens, offre des cinq sonates de ce second volume. Le piano Fazioli Grand F2781279, capté de près mais avec néanmoins une aération naturelle de la prise de son, ajoute indéniablement à l’interprétation par sa puissance et ses coloris. Une réalisation à prendre en considération et appelée à faire date au sein d’un corpus déjà richement doté : Sofronitsky, Richter, Horowitz, Alexeev, Ogdon, Ponti, Ashkenazy, Lettberg, Kasman, Hamelin, Maltempo, etc.… (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  “A new precious chapter has been added to Mariangela Vacatello's project of complete recording of Alexander Scriabin’s piano sonatas. A record series, to which the second volume is now added, that becomes a virtuosic journey into the world of sonatas where, as Guido Salvetti illustrates in the accompanying notes: "They thus reflect the composer's entire artistic itinerary: from the fiery romantic gestures of Liszt to the dissolution of rationality in the more symbolic esotericism." The sonatas date from 1891, in the last months of study at the Moscow Conservatory, and 1913. In this new publication, Mariangela Vacatello delves with a personal touch into the creative plots of the sonatas n. 2 – 5 – 6 – 7 – 8, revealing its expressive complexities and countless emotional cues. A new record release that reflects the intense and virtuosic exploratory research of the pianist, an opportunity to rediscover the creative and human universe of the Russian composer in its expressive and narrative density".

|