Dernière parution consacrée au compositeur Enjott Schneider dont nous commençons à connaître l'oeuvre grâce au label Wergo, ce disque présente une nouvelle série de concertos basés sur des thématiques bien définies. "Musique à programme" qui invite l'auditeur à "An emotional journey into the darkness of mythology, the psyché, and the past" dixit le compositeur. On le croit d'emblée car si Schneider maitrise parfaitement tous les composantes stylistiques et sémantiques de sa musique, il n'oublie jamais de nourrir l'imagination de l'auditeur. Ainsi, l'écriture de ces trois concertos allie intelligence, élégance et efficacité. L'orchestration profuse est tissée délicatement, riche en textures et en coloris. La partie soliste (Hautbois, piano), commande d'instrumentistes, amis du compositeur, est toujours abondante en phrasés et rappelle parfois la matière fluctuante des concertos de Morton Feldman. Schneider, également auteur de musique de film, instille dans sa musique un vrai pouvoir d'évocation, suffocant parfois, comme dans Dunkelreise où Schneider dessine à partir de fragments (Idylle, Andantino et Scherzo) laissés par le compositeur Hans Rott (qui finit ses jours à 26 ans dans un asile), la figure ravagée du musicien fou, sans pour autant, recourir à l'atonalité. L'idée du poème symphonique Phoenix réside dans un paisible chant du hautbois s'élevant tel l'oiseau légendaire vers le ciel nu. Entrent en scène percussions et cordes : douleur et obscurité d'avant "Im land vor aller Zeit", et lueur d'espoir du Rondo perpetuoso alors que le " ...Für immer" achève et définit le sens de la pièce dans un ultime geste de consolation, symbolisant l'éternelle renaissance de la vie. Les références littéraires du Neidhart's Nightmare (Le personnage du Minnesanger Neidhart von Reuental et le roman Buddenbroks de Thomas Mann) sont prétextes à une subtile mise en musique, variations autour de l'air de cour, reprises de chansons et danses du moyen âge, (Préludio, Saltarello) et quelques "spasmes et orgasmes" du mouvement Estatico, (Clusters frénétiques du pianiste) décrivant presque littéralement une scène lubrique du roman. (Jérôme Angouillant) “Shadows in the Dark” is the fifth of 10 CDs in WERGO’s continuing “Edition Enjott Schneider”: This time, Enjott Schneider presents two solo concertos and a double concerto, inviting the listener on an emotional journey into the darkness of mythology, the psyche, and the past. Schneider’s “Phoenix” refers to the legendary bird known as a symbol of immortality, resurrection, and life after death: The phoenix incinerates itself so that it can rise again in constantly repeating cycles. The concerto of the same name, which initially was conceived to symbolize the eternal rebirth of “beauty” from chaos, ruins, and ashes, took on an oppressive reality dominated by suffering, leavetaking, and grief. “Neidhart’s Nightmare”, a minnelied for piano and orchestra, alludes to the darkness of the Middle Ages and the coarse poetry of Neidhart von Reuental (ca. 1180- 1240), the most popular minnesinger of his age. In an aggressive dance, Enjott Schneider illustrates the poet’s fear of stifling dance halls and aggressive, loutish peasants – images that haunted Neidhart like a nightmare. “Dunkelreise” [Dark Journey] is a psychological study of a figure from the period of high Romanticism. This oboe concerto is based on fragments of music by Hans Rott (1858-1884), a brilliant composer and Bruckner pupil who died at the age of 26 in an insane asylum and from whom only a few complete works survive. From selected pieces by Rott, Enjott Schneider developed an imaginary narrative that alternates between madness and reality. Consolation and hopeless maniacal searching are combined to lead the listener on a harrowing journey into the dark night of a fading psyche.
|