 Tout fervent ravélien vénère le trio. La guerre est déjà là, avec ses heurts, ses cahots, ses noirceurs de catastrophe qu'évoque son dernier mouvement (comme le Concerto pour la main gauche, ou la Valse). Et surtout, Ravel est réfugié (de l'esprit volontaire au combat, imaginant même là une oeuvre posthume, autant que du corps fluet) à Saint-Jean de Luz, retour et même recours au pays natal, bien sûr aussi au souvenir de la mère, et effectivement passe ainsi un air basque (comme la danse du quintette de Pierné). Leçon aussi de Fauré voire de Saint-Saëns, l'écriture est absolument admirable. Et donc sous si polie, si protectrice écorce battait cœur si tendre : on est au plus profond, au plus secret de la sensibilité et de l'âme (lire absolument le "Ravel et nous" de son amie violoniste et interprète Hélène Jourdan-Morhange, à qui il échappa à un Ravel furtif de faire une demande rougissante en mariage...). Résumons : un pur chef d'oeuvre, rendu ici par le berlinois Feininger Trio (ayant pris le nom de l'artiste du Bauhaus, Lyonel Charles Feininger, et de qui l'on connaissait déjà un CD Dvorak-Smetana-Suk) avec une justesse digne de leurs plus grands aînés là-dedans (sauf, peut-être, pour ce final si difficile à "tenir"). Côté Debussy, rien à critiquer non plus avec ce trio de jeunesse naturellement de moindre portée, écrit à 18 ans en villégiature italienne chez une riche mécène, et salonnardant souplement un peu à la Massenet. Enfin, l'arrangement de la Petite suite glisse agréablement sur les plumes du premier mélomane à nez canard qui débarque, sans franchement matière à l'embarquement pour s'y taire. (Gilles-Daniel Percet) Claude Debussy was ten years old when was subjected to regular schooling for the first time in his life – when he entered the Paris Conservatoire. He had never attended primary school; instead, his mother had taught him reading, writing and arithmetic as best she could. At the piano, meanwhile, he had revealed his talent as a child prodigy, and his fate was sealed. The conservatory professors soon found, however, that this pupil was different, strong-willed, impetuous, and rebellious. His somewhat conservative piano teacher Antoine François Marmontel, for one, could make no headway whatsoever with the young savage. After initial successes, disenchantment followed in 1880. Debussy was only awarded a “diploma” in piano accompaniment: this was the conservatory jury’s way of granting the would-be virtuoso a mere consolation prize. The child prodigy had failed. It is all the more curious to learn, therefore, that Marmontel was the one who directed Debussy’s attention to a lucrative opportunity: Nadezhda von Meck, the eccentric widow of a rich Baltic German railroad owner, was a patron of the arts with a particular penchant for music, and she was looking for a pianist to accompany her on her annual summer trips through Europe. The resulting piano trio is so spirited and full of vigor that the shadows in which it emerged are simply not noticeable: instead, it testifies to Ravel’s overflowing creative drive. Here, his style is fine-honed to the extreme, pointed and succinct, almost Constructivist. Innovative rhythms and metric structures are the Trio’s most striking feature.
|
Catalogue 
