Orest Alexandrovich Yevlakhov (1912-1973)
Symphonie n° 3, op. 35

Yuri Alexandrovich Falik (1936-2009)
Light Symphony

Sergei Mikhailovich Slonimsky (1932-2020)
Symphonie n° 4

Leningrad Philharmonic Orchestra
Arvids Jansons, direction
Alexander Dmitriev, direction
Israel Gusman, direction

Captées entre 1973 et 1987, ces trois symphonies témoignent de l’étonnante richesse de la musique russe sous l’ère soviétique. D’origine polonaise, étudiant de Chostakovitch à la fin des années trente, Yevlakhov légua à la postérité trois symphonies, des ballets et un répertoire conséquent de musique de chambre. Datée de 1967, la Symphonie n° 3 se compose de trois andantes. Leur lyrisme est épuré, tenu au maximum dans d’immenses crescendos de cuivres puis de phrases planantes. Cette œuvre profondément lyrique et dramatique offre de superbes passages notamment à la fin du premier mouvement dont les effets percussifs et l’ironie “à la Chostakovitch” impressionnent. C’est une œuvre chargée d’atmosphères et d’une grandeur magnifique qui évoque le souvenir encore proche de la “Grande Guerre patriotique”. Plus réputé en Occident, Falik inscrit son écriture dans une tradition composite : classicisme, romantisme teintent une écriture efficace et inspirée parfois par les modèles de Bartok, Lutoslawski et dans le cas de la Light Symphony (1971), de Prokofiev et de Stravinski. L’œuvre s’appela tout d’abord Symphonie des enfants. Elle évoque, en effet, l’esprit de la Sinfonietta par son ton persifleur, ses accents faussement joyeux. Le finale est enthousiasmant d’énergie et de caractère burlesque, nous faisant songer aussi bien à la Symphonie n°7 de Prokofiev qu’à la Symphonie n° 9 de Chostakovitch. Musicien de la dissidence avant d’être célébré par le régime soviétique, Slonimski – fils de l’écrivain Mikhail Slonimski – laisse une vaste production influencée par l’école sérielle dans les années 60 puis rattrapée par les grandes formes de ballets et d’opéras populaires. Dédiée à père du compositeur, la Symphonie n°4 (1982) est la plus originale des trois œuvres. D’une clarté laconique et en même temps parfaitement chantante, elle est d’une virtuosité réjouissante jusque dans ses chorals de cuivres et de percussions. Un disque de raretés passionnantes. (Jean Dandrésy)