Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Divertimento en mi bémol majeur pour 2 cors, 2 flûtes, cordes et basse continue, TWV 50:21
Concerto à neuf parties en sol majeur pour flûte piccolo, flûte traversière, hautbois, chalumeau, cordes et 2 contrebasses, TWV 50:1 "Grillensinfonie"
Concerto en sol mineur pour 2 hautbois, basson, cordes et basse continue, TWV 53:g1
Sonate en ré majeur pour trompette, cordes et basse continue, TWV 44:1
Concerto en fa majeur pour violon, 2 flûte traversière, 2 hautbois, 2 cors, timbales, cordes et basse continue, TWV 51:F4 "Suitenkonzert"

La Stagione Frankfurt
Michael Schneider, direction

Fête magnifique et bonheur absolu que ce 5e volume de concertos de Telemann, après les précédents, non moins réussis . Il s'ouvre sur deux compositions "descriptives" des toutes dernières années du compositeur. L'une, conçue comme une suite de danses au parfum parfois rustique, évoque les moments de la chasse (cors triomphants, flûtes enjouées et galantes). Dans l'autre - dite "Symphonie des grillons" - le renvoi à l'insecte (cf. la façon dont les vents se "frottent" de façon continue et obsédante aux deux doubles basses et les interjections des vents dans le Presto, qui peuvent faire penser à des stridulations, plus l'aspect entêtant du mouvement lent), se double d'une référence au "caprice" ( musical en l'occurrence), puisque c'est là un autre sens du mot Grille en allemand. C'est l'œuvre la plus étonnante, la plus excentrique du CD - combinaisons sonores d'une grande originalité, écriture qui manie les contrastes avec une maestria surprenante de bout en bout. Et comment résister aux figurations arachnéennes du violon qui tient tête à la fois crânement et délicatement aux tutti avec cors puis trompettes qui viennent "converser" avec lui dans le Concerto en Fa majeur datant des années 1740 ? La musique de Telemann est inventivité, diversité et multiplicité à tous les niveaux : creuset où se mêlent les apports de toute l'Europe, formes souples - le concerto flirtant sans cesse avec la suite, la symphonie, la sonate, et se mettant parfois en abyme, alliance de timbres qui relève parfois de la gageure, traits surprenants et facéties - cf. la descente chromatique, répétée plusieurs fois dans l'allegrezza du concerto en Fa majeur et qui pourtant, prend presque au dépourvu à chaque fois. Le détail est foisonnant, et ciselé, l'écriture se fait à la pointe la plus fine. Mais miracle : tout se tient, tout participe à une unité imparable. C'est dire que l'exécution de telles œuvres exige un sens proprement furieux de l'équilibre, un dosage millimétré des pupitres, une direction qui fait un sort à tout sans perdre de vue l'unité pourtant si mouvante. Il faut, pour cela, l'aisance d'un funambule. C'est ce à quoi la Stagione Frankfurt et Michael Schneider parviennent. Une magnifique interprétation, dont l'écho se prolonge en nous bien après l'audition. (Bertrand Abraham)

The press has spoken of »stylistically flawless and tonally beautiful interpretations« and »listening experiences continuing to echo in the ears.« And the works featured on Vol. 5 of our recording of Telemann’s concertos with mixed solo instruments (»avec plusieurs instruments«) once again display a high compositional level and Telemann’s frequently evoked »mixed style« with its manifold motivic shapes and extensive harmonic developments. The Divertimento TWV 50:21 opening Vol. 5 of Telemann’s concertos for mixed instruments from the last years of his life is richly pervaded by signal motifs in the horns, some of them referring to real hunting signals from those times. Its mixture of elements, some of them highly introspective, while others are very modern, offers especially eloquent testimony to Telemann’s heterogeneous late style. The work known as the »Cricket Symphony,« surely presents what is an absolutely extravagant ensemble with two double basses concertizing right in the first movement, an Italian ritornello movement, with the winds in two long solo episodes. However, the use of the chalumeau and oboe and the combination (recommended by Telemann) featuring the »Traversiere l’ordinaire« and »cette à la octave« also lend this piece a very special »eccentric tonality.«