Nous n'avons aujourd'hui qu'une vague idée de la notoriété et de la reconnaissance que le violoniste et compositeur Louis Spohr obtint de son vivant. Prolifique dans la diversité, brillant sans être creux ni prosaïque, soucieux de préserver l'ordre et l'équilibre classiques dans le nouveau monde expressif du romantisme, autant de caractéristiques évoquant plus spontanément Mendelssohn qu''une génération sépare de Spohr. A la suite de Haydn dont « La Création » et « Les Saisons » imposèrent le respect durant tout le XIXe siècle, les deux compositeurs écrivirent plusieurs oratorios. « Le Jugement dernier » dirigé le vendredi saint de 1826 devant plus de mille personnes en est l'un des plus achevés. Outre son lyrisme permanent, l'œuvre compte parmi ses grandes qualités l'absence de systématisme dans la répartition des récitatifs, des airs et des chœurs qui se succèdent avec le plus grand naturel, formant comme une prose, ou une fresque, rythmée (certains numéros sont très courts), nuancée, jamais abstraite, toujours habitée. Caractère méditatif et recueilli de la première partie, puissance épique, grandiose (comme perpétuant une tradition « haendélienne ») de la seconde, puis retour à l'harmonie après la scène de l'Apocalypse, la progression révèle une maîtrise et une maturité confondantes. La conception du rôle de l'orchestre, intervenant de premier ordre dans une relation subtile avec les voix, soulignant leur narration ou s'en emparant (magnifiques ouvertures), appelle autant d'éloges. (Pascal Edeline) A l'occasion du 150ème anniversaire de la mort de Louis Spohr, Carus publie, pour la pre-mière fois en édition critique, “Die letzten Dinge“, son oratorio le plus important. Il fut créé à Kassel le Vendredi Saint de 1826. A l'origine de l'oeuvre, les parties théologiques les plus importantes de l'Apocalypse, dont les visions de mort et d'éternité sont rendue par Spohr de façon obsédante. Cet oratorio constitue un enrichissement important de ce genre, en parti-culier à la fin de l'année liturgique ; il séduit par son instrumentation magistrale, ses chro-matismes choisis , ses récitatifs solos de grande envergure, et ses choeurs, pleins à la fois d'un sentiment intime et d'un dramatisme tourmenté. Louis Spohr's oratorio The Last Judgment is one of his most successful works and one of the most important contributions to the literature of the oratorio. The text is based on selected passages from Revelation in the New Testament, whose visions of death and eternity Spohr set most vividly in music. The work impresses through its masterful instrumentation, its careful, stunning use of chromaticism, its large-designed solo recitatives and, likewise, through the imposing choral movements, with their fervent, emotional and stirring dramatic content. Like no other ensemble, with this group of elite soloists, the Kammerchor Stuttgart and the Deutsche Philharmonie Bremen, Frieder Bernius aptly succeeds in bringing to light the many facets of this dramatic oratorio.
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