Gioacchino Rossini (1792-1868)
Petite Messe Solennelle

Simon Bucher, piano
Andreas Gräsle, harmonium
Kirchheimer Vokal-Consort
Tõnu Kaljuste, direction

Spécimen le plus insolite de l’histoire de la musique sacrée et même tout simplement de la musique, la « Petite Messe solennelle » tire une grande partie de son originalité de la formation requise pour son exécution : 4 solistes et un chœur « accompagnés » uniquement par un harmonium et un piano. La place centrale qu’occupe ce dernier semble déterminer la conduite harmonique des voix dont la respiration (valeurs longues, legato) s’oppose fréquemment au jeu staccato de l’instrument à marteaux. D’autres oppositions parsèment la partition tout en la structurant, notamment l’alternance d’écriture néo-palestrinienne et de style opératique. Cette alternance et la différenciation des registres d’expression entre gravité et légèreté se recoupent de façon presque attendue. Cependant, l’esprit ironique et subtil de l’auteur des « Péchés de vieillesse » laisse soupçonner une certaine ambiguïté brouillant les lignes de démarcation. L’œuvre est à saisir comme un tout excédant le champ des analyses. L’enchaînement étonnamment fluide et naturel d’une section à l’autre est justement l’une des caractéristiques notables de cette nouvelle version. Les solistes s’y révèlent capables d’assumer des exigences contradictoires. Fuyant autant l’emphase et la virtuosité brillante que l’interprétation compassée ou désincarnée, l’ensemble aurait certainement reçu la bénédiction de Rossini. A la fin de la messe, bien entendu. (Pascal Edeline)

La "Petite Messe solennelle" de 1863 est, aux côtés du "Stabat Mater", la composition sacrée la plus importante de Rossini. L'œuvre est dans une certaine mesure une œuvre de circonstance (quelle grande œuvre ne le fut pas ?),écrite pour la bénédiction de la chapelle privée d'un noble parisien fortuné. Ceci explique l'accompagnement instrumental réduit à deux pianos et harmonium. Rappelant décemment la musique de salon de qualité, elle atteint un timbre inimittable, qui gagne encore en charme grâce à la rythmique typiquement rossinienne.

Next to the "Stabat Mater," the "Petite Messe solennelle" of 1863 is Rossini’s second extensive sacred composition and without a doubt a highlight of his late works. On this recording with Tonu Kaljuste and the Kirchheimer Vokal-Consort, one can hear the original version of the mass, in which the "orchestra" comprises a piano and a harmonium. This instrumental garb, reminiscent of salon music, produces an unmistakable timbre which through its typical Rossini rhythm obtains an additional flair.