Poulenc Hindemith Dutilleux Martin Œuvres pour flûte et piano Heinzmann Hoppe - AUD92667

Le programme pour flûte et piano du présent enregistrement est axé sur des œuvres du milieu du 20° siècle dans lequel la musique française est prépondérante. Anne Catherine Heinzmann et Thomas Hoppe l’abordent avec la célébrissime sonate (1956) de F. Poulenc. La grâce sans mièvrerie du début, la mélancolie de l’andante, la joyeuseté un peu rude du finale y sont rendues avec naturel et sans précipitation : un kaléidoscope aux couleurs vives où se déploient aisance et fluidité. La clarté règne de même dans la splendide sonatine (1944) de H. Dutilleux. Au premier thème serpentin du début, succèdent la cantilène, les appels ornithologiques et la cadence de la partie médiane, le mouvement perpétuel final avec sa touche de « flatterzüng » : tout cela exige des interprètent la linéarité au long des trois mouvements qui s’enchaînent, la maîtrise des rythmes irréguliers et des soudains changements de registres et de tempi. De facture classique en quatre mouvements, les rythmes syncopés prédominent dans les mouvements extrêmes de la sonate op14 (1961) de R. Mucksinski ; un esprit romantique souffle sur son scherzo, dans l’andante rêveur et aussi dans son finale endiablé. La ballade (1931) de F.Martin s’inscrit dans l’esprit de la musique française de l’époque. De forme très libre, de courts épisodes aux tempi contrastés se métamorphosent constamment pour se figer dans la cadence, l’interaction entre les deux instruments étant habilement agencée. Enfin, la sonate (1936) de P. Hindemith se distingue par un néoclassicisme affiché, un contrepoint étroit, et heureusement une certaine transparence latine empêchant ainsi l’épisode funèbre du mouvement médian de déborder sur le scherzo et la marche finale. Notre duo nous rend avec brio mais sans clinquant, avec persuasion mais sans parti pris, cette musique « à la française » si raffinée. (Pascal Bouret)