Johann Martin Friedich Nisle est l'un des fils de Johannes Georg Nisle (1735-1788), corniste virtuose, membre à partir de 1773, de l'orchestre de la Cour d'Oettingen Wallerstein. Sa longue vie, d'apprenti corniste, puis de musicien itinérant dans toute l'Europe, n'est plus documentée à partir de 1824. Auteur d'une centaine d'œuvres, une moitié est connue mais inégalement authentifiée, partie pour cor solo, voix et piano, partie pour de petits ensembles du duo à l'octuor. La paternité de l'octuor et du septuor enregistrés ici n'est pas établie : reviendrait-elle à son père ou à son frère aîné, Wilhem Friedich ? Quoiqu'il en soit, seules œuvres avec clarinette de leur auteur supposé, elles sont pleinement représentatives du préromantisme. L'octuor rassemble flûte et clarinette, 2 cors « ad libitum » (c'est-à-dire bien discrets) et quintette à cordes. Nos interprètent montrent leur vélocité (1° mvt), s'amusent dans les variations de la partie médiane (« alla hungarese » de la 4°, amusant pizzicati/vents de la 6°), et rendent à merveille un final joyeusement endiablé. Le septuor est proche de l'op. 20 de Beethoven, modèle incontesté du genre, plus encore de celui de F. Witt (voir ClicMag n° 9) ou de K. Kreutzer. Mais il s'en différencie par sa sa structure en 4 mouvements (au lieu de 7), ce qui l'éloigne du divertimento de style classique, par la flûte qui remplace la clarinette comme vent « conducteur », par le violoncelle et la contrebasse jouant à l'unisson. Après l'allegro initial, péremptoire et volubile aux alliages vents /cordes fort réussis, on découvre les délicieuses surprises (petite cadence de flûte !) des trios d'un menuetto en forme de ländler, puis un adagio quasi wébérien, enfin le rondo final exubérant et coloré. Le quintette op. 26 (à la paternité attestée !) présente une structure rare. D'abord une introduction lente, à laquelle s'enchaînent une petit « valse » et une polonaise, un menuetto avec un second trio plutôt sombre (tonalité mineure, registre grave du violoncelle et du cor), une sicilienne revenant sur l'andante du début, enfin le final à la conclusion sereine. Une œuvre rare, dans l'esprit de la fantaisie, mettant le corniste à rude épreuve, au final peut-être plus attachante que les précédentes. Quel ensemble autre que le Consortium Classicum pouvait mieux jouer cette musique retrouvée, jouée et enregistrée sans relâche pendant 30 ans par son fondateur, le clarinettiste Dieter Klöcker. Celui-ci nous a quitté en 2013 : il convient de lui rendre un fervent hommage. Ce très beau disque diffusant le répertoire peu connu pour petits ensembles (hors piano) de la période charnière 18°/19° siècle est l'un de ses derniers enregistrements. (Pascal Bouret) "N. numbers among the traveling musicians without actually being a virtuoso, for during recent years he has let his actual concert instrument rest – the horn. As a composer he has already achieved some good, indeed much good, to be specific, for voice, pianoforte, and horn". This short tribute from the fifth volume of the Encyclopädie der gesammten musikalischen Wissenschaften of 1837 honors Johann Martin Friedrich Nisle, whose oeuvre seems to have been forgotten already toward the end of his long life and unfortunately has been neglected by the music world right through to the present day. Wrongly so, as the compositions recorded here teach us, for in them we encounter a musician who presents himself as an original exponent of early romanticism with a pronounced talent for melody. In all likelihood Nisle composed the chamber music for strings and winds featured on this CD between 1806 and 1809 in Vienna or Hungary, even if the bright mirth and southern warmth distinguishing all three works (almost) throughout might lead one to think that he had written them during his years in Italy – but this view does not correspond to the current evidence of the sources.
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