Un disque entièrement dédié aux œuvres vocales de Frank Martin, contenant 4 cycles de mélodies dont les inhabituelles Poèmes de la Mort, pour trois voix d’hommes et trois guitares électriques (!), ou bien les Trois Chants de Noël, que le compositeur offrira à sa fille en 1947 à l’occasion de son 15ème anniversaire. Voici un beau cadeau de Noël ! Jalon essentiel dans l’œuvre vocale du compositeur suisse Franck Martin (1890-1974), ses "Monologues de Jedermann" lui furent commandés par le baryton Max Chistmann. Basés sur le récit initiatique d’Hofmmansthal, les six chants montrent à travers une écriture syllabique rigoureuse soutenue par un piano décanté, le cheminement intérieur du personnage, déréliction puis consolation. Austère et minérale prestation du baryton Volker Arends. Les "Minnelieder" ont été composés en 1960 sur des textes médiévaux relatant le mystère de la Nativité. Les "Trois Chants de Noël" datent eux de 1947. Réservés à l'origine à un usage familial et dédié à la fille du compositeur Françoise qui possédait une jolie voix de soprano, ils distillent un charme enfantin et naïf assez ravélien. La voix juvénile et désuète de la soprano Suzanne Thomas-Martin les sert merveilleusement. Quant aux trois "Poèmes de la Mort", commande du Lincoln Center de New York il ont été écrits pour trois voix d'hommes et trois guitares électriques (Franck Martin s’encanaillait parfois en écoutant de la musique pop.). Ils sont basés sur la fameuse "Ballade des Pendus" de Villon et donnent lieu à un dialogue éclaté aussi cocasse que sinistre entre les voix et les instruments qui restitue parfaitement l’ambiguïté des poèmes. "Rien à mon goût ne pouvait mieux exprimer ces contrastes que la sonorité des guitares électriques" dixit le compositeur. (Jérôme Angouillant) Frank Martin, compositeur suisse né en 1890, a toujours été extrêmement sensible à la langue. Il disait qu’il essayait de respecter d’aussi près que possible le texte parlé. Les Six Monologues de Jedermann (1943-1944) ont été écrits sur des vers de Hofmannsthal extraits de sa pièce de théâtre Jedermann. « Les six monologues résument d’une façon saisissante l’évolution psychologique et spirituelle du personnage central, depuis sa terreur toute animale devant la mort jusqu’à son acceptation totale dans la conviction du pardon » (Frank Martin). Les Poèmes de la Mort (1969/1971), dernières pièces du présent programme, offrent un effectif très original pour un cycle de mélodies, à savoir trois voix d’hommes (basse, baryton, ténor) et… trois guitares électriques (eh non, nous ne sommes dans la pop, c’est bien d’un compositeur « classique » qu’il s’agit !) dont « les sonorités, parfois stridentes, ou même grinçantes, qui peuvent aussi évoquer cependant avec solennité la voix de l’orgue ou le grave tintement des cloches » étaient les seules selon Frank Martin à pouvoir exprimer les contrastes inhérents aux poèmes de François Villon.
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