Jan Ladislav Dussek (1760-1812)
Sonate en ré majeur, op. 25 n° 2, Craw 127 "La Matinée"
Sonate en sol majeur, op. 39 n° 1, Craw 166
Sonate en do majeur, op. 39 n° 2, Craw 167
Sonate en si bémol majeur, op. 39 n° 3 , Craw 168 "Tyroler"

Piet Kuijken, piano

C’est donc à Piet Kuijken qu’il revient de transformer l’essai brillamment inscrit récemment par Bart van Oort, sur le même magnifique pianoforte Longman-Clementi qui est pour l’instant le fil rouge de l’intégrale en cours. Toutefois, la métaphore rugbystique n’est pas exacte car l’enregistrement est en fait antérieur à celui du volume 1, et cela a son importance car le paysage est sensiblement différent. Paysage musical tout d’abord, puisque 10 ans séparent les sonates op. 39 des op. 10 (le « pont » étant assuré par deux sonates de 1795) : Dussek dont le regard était tourné vers Mozart, Clementi et Haydn regarde maintenant furtivement du côté de Beethoven et Schubert, et ce qui ressemblait à la promesse d’un monde nouveau s’entend plus ici comme une tentative encore timide de maîtriser un nouveau style. Le paysage interprétatif change aussi : nouveau pianiste mais aussi nouveau preneur de son... Là où van Oort allégeait ses basses et les plaçait à l’arrière-plan en soutien de l’harmonie, Kuijken et son ingénieur en font souvent un élément discursif majeur (ce qu’elles sont, de fait) dont les progressions affirmées et percutantes structurent le discours. Le Longman-Clementi prend çà et là un volume impressionnant mais le manque d’étouffement qui faisait son charme dans l’op. 10 emplit maintenant l’air d’un plasma sonore qui empâte un peu le rendu dans les forte (nombreux). Passionnant éclairage sur ce qu’est un trio piano - répertoire - pianiste, qui fera incontestablement le bonheur de ceux qui auront acquis aussi le volume 1 ! Que nous réservera le volume 3 ? (Olivier Eterradossi)

These sonatas date from a high-point in the career of the Czech-born Jan Ladislaus Dussek (1760-1812), at a time when he was established in London as a sought-after performer and fashionable piano teacher. His partnership with the instrument-maker John Broadwood resulted in significant technical developments to the fortepiano which would be imitated abroad and capitalised upon in Vienna by Beethoven, notably the extra power and larger range. The Sonata Op.25 No.2 in D has become famous under the name ‘La Matinée’: a subtitle which conveys the lively spirit of the sonata and its irresistible sense of good cheer even in the lyric simplicity of the third-movement Larghetto. The three Op.39 sonatas are more elaborate in conception and design without forsaking the earlier work’s transparency and grace. The first movements of Op.39 abound in brilliant figuration which evidently played to the composer’s strengths as a performer, but they are strongly rooted in a sonata-form structure which contrasts a pressing and vivacious first theme with the more tripping, light-hearted character of the second. The concluding Rondos tend to be the highlight, alternating some surprisingly passionate and even stormy episodes with the kind of unpretentious folk-like theme that Schubert would go on to perfect.This is the second in a projected eight-album series to be published by Brilliant Classics, surveying the complete keyboard sonatas of Dussek. The series was launched in fine style by the Dutch fortepianist Bart van Oort (BC95599), and it is attracting much critical attention which this addition to the series is sure to share. Piet Kuijken contributes valuable booklet notes; born in 1972, the fortepianist has been professor of piano and fortepiano at the Royal Conservatoire in Brussels since 2002 and is a guest professor for the fortepiano at the Royal Conservatoire in Antwerp.