 Après deux volumes passionnants consacrés à l'Amérique et à la Russie, le SWR Vokalensemble de Marcus Creed nous offre un patchwork transalpin. Le programme laisse d'emblée l'auditeur dubitatif : deux des quatre Pezzi Sacri et un Pater Noster de Giuseppe Verdi « introduisent » des œuvres de Giacinto Scelsi, Nono, Petrassi et Ildebrando Pizzetti. Supplément d'un programme trop court ? Passons sur les pages de Verdi (ici sans orchestre) qui sont chantées impeccablement certes mais avec une neutralité hors de propos. Yliam de Giacinto Scelci, joue sur des micro-intervalles à partir d'un même son. Ce son « sphérique » vrille et s'effile dans l'espace, soutenu régulièrement par la masse d'un chœur déchiqueté. Accompagné platement par une guitare électrique (pas besoin d'être Hendrix) et des percussions, TKRDG est une forme de rituel tribal mélant syncopes, halètements et psalmodies. Creed et ses chanteurs-acteurs jouent le jeu et nous offre une lecture épicée de cette œuvre improbable qu'il serait judicieux de visionner en DVD. Basée sur un texte de Cesare Pavese, la pièce Sara dolce tacere de Luigi Nono projete les particules de phonèmes ça et là dans l'espace comme des fragments d'étoiles filant dans un ciel noir. Encore une « Exploration par l'écriture musicale (issue pour Nono de Darmstadt) du langage dans l'espace » (S.Müller). Le Vokalensemble, s'avère ici sensiblement moins à l'aise qu'à l'accoutumée (surtout dans Scelsi), hésitant entre une expression vibrée, solaire, méridionale ; et la rigueur (America) et l'austérité (Russia) qui lui sont coutumiers. On retrouve cet art de la mesure avec les trois compositions chorales de Pizzetti, trois mélodies d'un sincère et pur alliage néo-romantique, interprétées avec ferveur et flexibilité par un chœur émerilloné. Le Recordare Domine renoue paisiblement avec un grégorien séculier. Les quatre brèves séquences madrigalesques du Nonsense de Goffredo Petrassi illustre une contine comique dont le sujet narratif (et motif musical) est un nez... qui grossit démesurément (crescendo) sur le visage d'une jeune fille. Sept minutes pétaradantes exécutées par des chanteurs enfin déboutonnés qui laissent l'auditeur pantois. (Jérôme Angouillant) In this latest installment of recordings focusing on the choral traditions of different country’s choral music traditions launched last year by the Vokalensemble Stuttgart des SWR, we now arrive in sunny Italy, a country said to have no native choral tradition. Giuseppe Verdi of course used choirs in his operas, but apart from that there are only a few choral works that have sustained any place in the repertoire, some of the finest of which are presented here. With the beginning of the 20th century, however, one encounters composer‘s that are less well known, but whom have certainly composed some very exciting music for choir, including Pizzetti, Giacinto Scelsi, Luigi Nono and Goffredo Petrassi. They all offer poignant, poetic, funny, mysterious, ironic choral works that are original and always interesting in their structure. They show an Italy away from the operatic bel canto, but certainly not lacking in beautiful melodies. This is a most worthy addition to their on-going “country” series. The Vokalensemble Stuttgart des SWR is one of the most internationally acclaimed choirs. Their scholarship, adventurous programming, wide range of styles and impeccable vocal performances are their trademarks. For many years, the Vokalensemble has been considered one of the top ensembles for contemporary music and has, throughout its 65 year history, presented more world premieres than any other professional choir.
|
Catalogue 
