Voici, de deux contemporains tisonnant le dernier feu romantique néobrahmsien autrichien, tout un continent musical englouti par la folie casquée européenne et l'éboulis de la saga habsbourgeoise. Frühling est mort déjà posthume, dans le dénuement et l'oubli. Surtout pianiste, il accompagna le fameux quatuor Rosé. On lui connaîtrait, après de premières pièces de salon, un quintette et le soupçon d'autres choses perdues. Deux quatuors sont possibles, dont l'un avec piano, lui aussi. Du présent trio (d'environ 1900, et pas une première au disque), la tristesse du premier mouvement n'est pas sans chaleur ni grâce, la clarinette donnant curieusement la ligne de basse. Le second fait le pont entre valse viennoise et ländler. Vaguement russe au début, le troisième verse dans l'andante pensif du duo clarinette-violoncelle, tandis que le final ramasse vivement la mise. Mon tout, dans une lignée brahmsienne à légère déteinte wagnérienne. Quant à ce trio de jeunesse de Zemlinsky, encore plus inspiré par l'opus 114 de Brahms, il emprunte tellement de thèmes à ce dernier que le maître admiré ne put faire de n'en point pistonner la publication. Encore que l'éditeur réclamât une version plus traditionnelle et donc commerciale avec violon (assez radicalement modifiée). L'élan chaleureux de l'héroïque premier mouvement fait grande impression dans sa coda, l'andante expressif est d'une écriture très libre dans son milieu plus rapide, tandis que le dernier mouvement ose une sorte d'exotisme plutôt dramatique et passionné. (Gilles-Daniel Percet) Once a pianist accompanying the likes of Bronislaw Huberman, Pablo de Sarasate and the Rose Quartet, Carl Frühling is now little known. He wrote several orchestral and chamber works, songs and salon pieces, but his best and most-recorded work is this Clarinet Trio, published in 1925 but cast in an idiom at least a generation before its composition. Born in 1868, and dying in reduced circumstances in 1937 after the Crash had left him in need, he was and remained a musical Romantic, whose language is perfectly fitted to this most Brahmsian of genres. From that earlier generation, Zemlinsky’s 1896 Trio surges with D minor expression and passion. He wrote it as a 25-year-old for a Viennese chamber-music competition. While the syntax and mood certainly echo Brahms, the chromatic harmony is the composer’s own: so too the intense songfulness which surges through the long opening movement and then a central, richly textured Andante. Even the brief finale is restless and filled with agitated, virtuoso writing for the piano in particular, while the clarinet sings a troubled descant line. Clarinet music by Zemlinsky’s contemporaries, Busoni (BC94978) and Hindemith (BC94978), has been the subject of previous Brilliant Classics albums by the clarinettist Davide Bandieri. According to MusicWeb International, reviewing the Hindemith collection, he has ‘an attractive woody tone and fine phrasing and articulation.’ He is joined here by Joël and Marja-Liisa Marosi, husband and wife, who teach and perform in Switzerland.
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