Friedrich Gernsheim (1839-1916)
Sonate pour violoncelle et piano n° 1, op. 12
Sonate pour violoncelle et piano n° 2, op. 79
Sonate pour violoncelle et piano n° 3, op. 87
"Elohenu", pour violoncelle et piano (Mélodie hébraïque biblique)
Andante pour violoncelle et piano, op. 64b

Andreas Hülshoff, violoncelle
Oliver Triendl, piano

La résurrection de Gernsheim au disque, après un enregistrement fondateur de 2002 de l’intégrale des 4 symphonies chez Arte Nova (dir. Siegfried Köhler), semble être devenu la prérogative de l’éditeur allemand CPO, avec une nouvelle version des symphonies, un volume de concertos pour violon, un autre consacré aux quintettes avec piano, en attendant la suite, car l’œuvre du compositeur de Worms est très abondante et variée. D’autres éditeurs (Antes, Audite, Brilliant…) ont également apporté leur pierre à l’édifice. Après la chape de plomb imposée par le régime nazi (Gernsheim était juif), il aura toutefois fallu attendre un demi-siècle pour que réapparaisse dans le paysage musical romantique allemand un artiste qui, enfant prodige dès l’âge de six ans (composition et piano), connut et eut souvent pour amis tout ce qui comptait musicalement à son époque : après ses professeurs Moscheles et Plaidy, David et Dreyschock, Hauptmann et Richter à Leipzig, il rencontre à Paris Rossini, Marmontel, Saint-Saëns, Liszt, puis en Allemagne Hiller, Brahms, Bruch, Brückner, Wagner ,Humperdinck, Mahler… C’est en hommage à son ami Brahms disparu neuf ans plus tôt que naît la deuxième sonate, mais mécontent de son œuvre, le compositeur entreprend de la réviser en 1914… Et en fait crée une œuvre nouvelle, merveille de concentration et d’énergie de ce jeune homme de 75 ans, électrifié par le début de la Grande Guerre, et dont le mouvement lent s’irise de réminiscences mahlériennes, pendant transfiguré de la sonate de jeunesse de 1868, débordante de fraîcheur et d’alacrité juvéniles. La Chanson Biblique Hébraïque "Elohenu" est une réponse du compositeur au Kôl Nidrei de son ami Bruch et l’Andante op. 64 bis une transcription par le compositeur du mouvement lent de la deuxième sonate pour violon, morceau visiblement très populaire à l’époque. Les interprètes excellents défendent ces œuvres avec une conviction et une virtuosité qui font de ce disque magnifique un incontournable des fans de Gernsheim. (Jean-Michel Babin-Goasdoué)

This CD features the first complete recording ever of the cello sonatas of the Worms late romanticist Friedrich Gernsheim, with encores in the form of his only two cello pieces with piano. For the virtuoso parts in his three cello sonatas, Gernsheim could draw on his own brilliant piano technique, which he had demonstrated already in 1850 as an eleven-year-old child prodigy. The five works span five decades. The Sonata in D minor op. 12 from 1868 continues to follow the paths of Mendelssohn’s two sonatas, while the Sonata in E minor op. 79 of 1906 is a dramatically charged work in the style of the turn of the century. The cello composition Elohenu of 1881 and the Andante op. 64bis from 1898 are situated between them chronologically. Two years prior to his death Gernsheim reworked the last movement of his Sonata in E minor and wrote two completely new movements for the first and second positions. The result was the Sonata in E minor op. 87 of 1914, the seventy-five-year-old composer’s farewell to his epoch on the eve of World War I.